Les bébés, les premières victimes de ce phénomène
La cellule d’écoute du réseau Nada a enregistré 16.310 appels SOS, dont 6728 demandes d’aides qui sont en cours de traitement en 2013.
A l’occasion de la célébration aujourd’hui de la Journée internationale pour la défense des droits des enfants, nous nous sommes approchés des enfants qui souffrent de multiples situations à commencer par la maltraitance, les abandons et autres conséquences des conflits conjugaux et divorces.
Trois enfants innocents, dont deux garçons et une fillette, tous allongés par terre à longueur d’année à côté d’une femme qui pratique la mendicité en exploitant la chair des plus faibles êtres humains, depuis de longues années à la place Meissonnier à Alger. Ce n’est qu’un échantillon parmi tant d’autres qui sont identiques au niveau des grands boulevards et places publiques de la capitale, notamment.
«Je passe presque quotidiennement par la place Meissonnier. Je ne supporte pas le regard de cette femme qui fait dans le trafic des enfants qu’elle change chaque semaine ou mois, au vu et au su de tous, sans que personne ne réagisse», lancera Mohamed Idir, 60 ans environ qui ajoute que ce n’est pas cette femme qui fait de la peine, mais ce sont ces enfants en bas âge qui sont exploités contre notre impuissance, tous en tant que citoyens, dira-t-il.
Des centaines de passagers souffrent de telles scènes, quotidiennement, tout en dénonçant le laxisme des services concernés.
Pis encore activant sous la protection d’un nombre indéterminé de jeunes qui la transporte chaque jour, cette dame célibataire qui ignore les conséquences d’une telle situation en plus de celle d’écoper entre 5 à 10 ans de prison si l’on prend en compte les nouvelles lois qui devront être promulguées pour la protection et la défense des droits des enfants en Algérie.
En plus de la mendicité, cette dame ne trouve aucun obstacle ou gêne à vendre des CD et films DVD à la place Meissonnier à partir de 18h, selon des témoignages recueillis sur les lieux. Prenant attache avec le réseau Nada qui regroupe 147 associations qui activent dans le domaine, le réseau Nada, qui est le mieux placé pour répondre sur la situation des enfants en Algérie, nous apprend avec tristesse que «beaucoup reste à faire en termes de protection, prise en charge et protection des enfants de 0 à 18 ans».
Avançant des chiffres que l’on estime alarmants au vue du laxisme et de la complicité silencieuse qui ont été relevés par de nombreux citoyens, on souligne un nombre de 1500 enfants non reconnus et qui portent le nom de leurs mamans à présent. D’autre part, la cellule d’écoute du réseau Nada a enregistré 16.310 appels qui ont étés reçus afin de prendre en charge les cris de détresse des enfants, dont 6728 appels et demandes d’aides qui sont en cours de traitement au niveau des services concernés et d’autres organismes qui travaillent en coordination avec le réseau Nada, dont le siège vient d’être transférés au 20 rue Mohamed Chabani à Meissonnier (A côté du siège de l’Anep).
Les textes juridiques ne suffisent pas
S’agissant de la prise en charge des enfants sur le plan juridique, les avis des avocats qui suivent les dossiers des enfants sont plus au moins mitigés. Les uns avancent un grand déficit en termes de tribunaux spécialisés pour les enfants, d’autres avancent que le problème réside dans l’absence de l’application des lois qui existent déjà, tout en appelant au durcissement des sanctions pour la protection et la défense des droits des enfants.
Maître Nadia Aït Zaï, présidente de l’organisation Ciddef, qui n’est plus à présenter sur la scène nationale, dira: «La loi qui protège les enfants est suffisante depuis longtemps. Ce qui manque le plus, c’est l’embarquement des personnes qui exploitent les enfants dans la mendicité, la violence sexuelle et la maltraitance.» Pour ce faire, l’initiative revient à la Radio nationale qui devra célébrer la Journée du 20 novembre prochain pour sensibiliser la société civile sur les sujets qui concernent la protection des enfants. «Nous allons confectionner des fils rouges afin de mieux informer et sensibiliser les citoyens sur l’importance de la protection des enfants à tous les niveaux», a déclaré Sadek Djouder, directeur de la Chaîne II. L’émission «Ayaw aya arrach» «Venez les enfants», de Mme Djohar qui passe tout les samedis de 9h à 10h, est une des émissions phares des chaînes radiophoniques du boulevard des Martyrs. Le rôle de la radio et de la télévision est grandiose en termes de sensibilisation et protection des enfants du pays. «Dans une société qui se dit musulmane, si chaque citoyen verse seulement 10 DA/mois, pour aider ces enfants victimes et innocents dans un cadre légal et loyal, aucun adulte n’aura à souffrir en voyant des scènes immorales et inhumaines», dit-on.