Le corps de la Protection civile n’est pas une agence de transport des cadavres et des victimes des accidents lambda.
«El himaya (la protection) à votre service.» Telle est la petite phrase toute courtoise qui revient sur les lèvres des sept sapeurs-pompiers composant chacune des brigades décrochant le combiné à chaque fois qu’un appel d’urgence est signalé à la Protection civile via le numéro vert, le 14.
Chacune de ces brigades prend le commandement de la gestion des mouvements des habitants de toute la wilaya durant une permanence, souvent très chargée, d’une durée de 24heures. Elle a pour mission de veiller sur la ville d’Oran, ses édifices, institutions privées et nationales, forêts, routes, plages ainsi que sur près de 2 millions d’âmes éparpillées un peu partout dans les 26 communes et neuf daïras composant la wilaya d’Oran.
«Tous les appels se valent. Nous les prenons tous en charge avant de prendre nos dispositions rentrant dans le cadre d’une intervention à opérer avec agilité et célérité dans les plus brefs délais», dira le plus ancien sapeur-pompier, le caporal Hamid Gouna. Celui-ci arrive une heure avant l’heure prévue pour remplacer la brigade dirigée durant les dernières 24 heures par le sergent Amar Bensadek Khadidja. Avant même de se mettre en tenue officielle, il accède dans la salle de la coordination et des opérations et se met à échanger quelques amabilités avec l’opérateur Guermiti Lamine, affairé lui aussi à faire le bilan de sa permanence et préparer les consignes à passer à l’équipe le remplaçant. Quelques minutes plus tard, il est rejoint par un autre sapeur-pompier, le sous-officier Siham Ziani. Elle est chef de la brigade devant prendre le relais à 12h de la journée de mercredi dernier.
La passion prime
Après s’être introduite à l’intérieur du centre de coordination et d’opérations, le sous-officier Siham Ziani s’est mise à faire le point avec les éléments sortants ayant géré 150 interventions.
Un autre élément arrive lui aussi bien avant l’entame de sa mission. Il s’agit de Berkane Krachaï Lakhdar, tout «blindé» dans son treillis et ses «rangers» jusqu’à la casquette. Sans perdre de temps, il prend attache avec toutes les unités de la Protection civile éparpillées un peu partout dans les 26 communes composant la wilaya d’Oran et demande à ses interlocuteurs à l’autre bout du fil de faire le point sur les effectifs humains et l’état du matériel, camions anti-incendies, ambulances et autres engins. C’est une gestion de toute une rude journée ramadhanesque qui attend cette brigade comprenant le vieux briscard Hamid Gouna à qui tous les sapeurs-pompiers vouent un grand respect vu son ancienneté. Lakhdar Berkane Krachaï, Houari Amrane, Abderrahmane Mahroug, Toufik Bensouici et Fethi Si Djilani prennent leurs fonctions.
De midi à 19h, cette jeune équipe de sauveteurs a réussi à gérer près d’une quarantaine d’interventions. L’une des opérations coordonnées a été opérée dans le quartier de Saint-Antoine, pas loin de Mdina Djedida, un sexagénaire, ayant fait une chute libre en faisant plusieurs roulades dans un talus avoisinant une hauteur de 10 mètres, a été retiré du bas-fond du lieu d’accident. Auparavant, une opération a été menée dans la localité de Gdyel, située dans l’entrée est de la deuxième capitale du pays en venant de Mostaganem.
Les éléments de la Protection civile sont tombés nez à nez avec un sexagénaire dont le corps a été retrouvé pendu à un arbre dans la forêt de Gdyel, ex-Saint-Cloud. L’opération phare à laquelle ces hommes se sont mobilisés à partir du centre de coordination et d’opérations porte sur l’extinction d’un incendie qui s’est subitement déclenché dans la forêt de Bouyakour de Boutlélis, localité distante d’environ 40 km de l’extrême ouest d’Oran.
Le feu, ayant ravagé un espace important de broussailles, s’est déclenché à moins d’une heure avant la rupture du jeûne.
Toute l’équipe s’est réunie aussitôt dans la salle des opérations pour décider, à la hâte, des suites à donner après avoir été alertée par le biais du numéro vert, le 14. Mesures prises, les éléments en charge de la lutte contre les incendies de forêts de l’unité de Boutlélis ont été instruits de passer à l’action en mobilisant les moyens nécessaires, humains et matériels. Durant cette intervention, la radio transmission du centre des opérations n’a pas cessé de fonctionner en liant l’unité intervenante et le centre de coordination et d’opérations.
Dans chaque laps de temps très court, l’opérateur du centre de coordination sollicite son camarade pour faire le point sur la situation et relever les évolutions de la maîtrise du feu. 19h 55 mn a sonné. Alors que tous les présents s’apprêtaient à rompre le jeûne d’une journée ramadhanesque pleine d’interventions, l’opérateur radio de l’unité de Boutlélis, ayant sans aucun doute inhalé de fortes senteurs de fumée «harcèle» une fois de plus ses camarades du centre de coordination et d’opérations. «Transmettez», répondit l’opérateur Toufik Bensouici.
Pas de répit
Le compte rendu final fait état de la maîtrise totale du feu ayant toutefois ravagé un important espace de broussailles sans faire de dégâts ni humains ni matériels. Pendant ce temps, d’autres camarades de Si Fethi Djilani se sont mis à faire le point sur la circulation routière. A moins d’une heure avant la rupture du jeûne, le bilan s’est élevé à trois accidents. Sept blessés, qui ont été enregistrés, secourus sur place puis évacués vers les services sanitaires spécialisés les plus proches. Cela survient pendant que plusieurs patients, souffrant de malaises, ont été secourus et évacués.
Un secouriste dans chaque foyer
Le corps de la Protection civile n’est pas une agence de transport des cadavres et des victimes des accidents lambda. Il est composé de femmes et d’hommes passionnés dans leur mission en côtoyant de près la population pour la servir et se retirer aussitôt leur tâche terminée. «On accomplit notre mission en servant le citoyen sans renâcler ni répugner ni encore moins vanter nos exploits», dira un pompier en faction dans l’espace vert de Haï Sabah. La mise en place d’un dispositif a été décidée par le chef du centre de l’unité de Plateau, le lieutenant-colonel et médecin Ziani à la vue d’une forte concentration humaine se composant, juste après la rupture du jeûne, dans l’espace vert de la plus grande cité d’Oran, Haï Sabah.
Rien que durant la nuit ramadhanesque de mercredi à jeudi, 12 dispositifs ont été mis en place un peu partout dans des coins à forte concentration comme les mosquées, les places publiques, le stade des Castors abritant des activités sportives. En tout, une dizaine de moyens mobiles et une quarantaine d’hommes ont été déployés à l’effet de sécuriser les lieux en question. La Protection civile est cette profession aux aléas rudes. Le pompier est tout le long de sa carrière mobilisable à tout moment pour faire face à toutes les formes d’interventions dictées aussi bien par l’homme comme les accidents que par la nature comme les catastrophes, tremblements de terre, inondations etc.
La beauté est dans l’esprit
Les trouvailles de ces anges-gardiens se multiplient en s’ouvrant à la citoyenneté tout en impliquant le citoyen, faisant de lui un missionnaire pouvant, lui aussi, accomplir des actions citoyennes et humaines. Le lieutenant-colonel et médecin Ziani fait état des formations dispensées par les sauveteurs au profit de la population. «Un travail de fond est mené à longueur d’année: apprendre au citoyen les premières règles du secourisme», a-t-elle expliqué. «Ce projet, s’est, selon le lieutenant-colonel et médecin Ziani, concrétisé par la formation de plusieurs dizaines de milliers de personnes.» «Plusieurs dizaines de celles-là ayant accédé au 2e niveau sont sélectionnées pour aider les éléments de la Protection civile».
La gent féminine ne se goinfre plus avec la fraîcheur des climatiseurs. A Oran, tout comme ailleurs, son rôle est très prépondérant en accomplissant des tâches et des missions que l’on a collées insidieusement à la virilité masculine. La femme est omniprésente dans la Protection civile. C’est le cas du lieutenant-colonel et médecin Siham Ziani qui indique «être honorée d’exercer le métier de la Protection civile.
Ce corps a ouvert grandes les portes à la femme pour servir la nation et la population».
Plusieurs pas ont, en ce sens, été franchis par la Protection civile, a-t-elle expliqué, en commençant par «le recrutement des femmes-médecins, des femmes-plongeurs et des sapeurs-pompiers femmes affectées aux gardes de 24 heures et enfin des femmes conduisant des engins légers et lourds, camions et ambulances».
Le pompier femme fait face, avec bravoure à des responsabilités lourdes en intervenant dans des accidents de la circulation, des catastrophes naturelles comme les séismes, des effondrements et des inondations etc. «Notre acte est d’abord humanitaire», a-t-elle conclu.
Nous apprêtant à quitter les lieux à une heure tardive de la nuit de mercredi à jeudi dernier, le médecin-capitaine Kadi est mobilisé pour une intervention à opérer dans le quartier des Lauriers roses, près de Maraval.