Propreté à Alger Le citoyen s’en lave les mains

Propreté à Alger Le citoyen s’en lave les mains
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Les ordures envahissent les quartiers de la capitale, même ceux dits résidentiels. Elles sont jetées à même les trottoirs.

Le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales avait lancé l’opération « Blanche Algérie » et tous les moyens ont été mis à la disposition des communes pour sa réussite. En dépit de toutes ces dispositions, l’incivisme de certains habitants, peu soucieux de l’amélioration de leur cadre de vie, fait que l’insalubrité persiste. Pis, beaucoup ne respectent pas les horaires de passage des camions de ramassage des ordures. A l’approche de l’Aïd El Adha et de l’hiver, les opérations de nettoyage se sont multipliées, notamment dans les quartiers populaires. Cette campagne vient en application des directives du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales pour améliorer le cadre de vie des habitants. Il s’agit de parer aux conséquences des inondations, comme ce fut le cas à Constantine et Khenchela. Toutefois, l’adhésion faible des citoyens à cette opération constitue un véritable obstacle à sa réussite.

Les horaires de ramassage des ordures ignorés

Une vaste opération de nettoyage a concerné, depuis, plusieurs communes de la capitale, comme Sidi M’hamed et Alger-Centre. Lors d’une virée, hier, dans ces deux communes, les ordures et autres détritus étaient toujours là.

Des gravats sont jetés, abandonnés sur les trottoirs à la rue Mohamed-Belouizdad, dans la commune de Sidi M’hamed. Il était 10h du matin et le camion de collecte des ordures de Netcom était déjà passé à deux reprises en cette matinée ensoleillée. « Regardez, les sacs-poubelle sont déposés à côté du bac vide.

C’est  incroyable ! », nous dira un balayeur rencontré sur place. Même constat à la place du  1er-Mai, à proximité du siège de Mobilis. Une note affichée non loin, sur le mur de l’immeuble situé en face, signée par le P/APC de Sidi M’hamed interpelle pourtant les citoyens. Elle les invite au respect des horaires de sortie des ordures « afin de préserver la santé publique et l’environnement ». Des citoyens nous ont déclaré que ces « horaires ne les arrangent pas ».

« D’habitude, c’est mon fils qui est chargé de cette tâche. Mais à 21h, il est déjà au lit. Logiquement, c’est le matin qu’on sort les ordures ou vers midi. Ces horaires n’arrangent pas les citoyens », a-t-il avancé. Pour un autre père de famille, il n’est pas question de fixer des horaires pour la sortie des ordures. « Il faut renforcer les brigades chargées du nettoyage et multiplier le nombre de rotations des camions de collecte.

On ne peut pas imposer au citoyen des horaires car chacun a son mode de vie, ses préoccupations », estime-t-il. Un avis partagé par un autre habitant, selon qui « des riverains ont déposé leurs sacs d’ordures sur les paliers des immeubles ». A la rue Tanger, une montagne d’ordures jouxte un vendeur de « m’hadjeb ». Les mauvaises odeurs ne semblaient indisposer personne parmi les clients et les passants.

La police communale n’est pas une solution

nterrogé sur le déroulement de cette opération, le P/APC de la commune de Dar El Beïda, Lyès Gamgani, a fait savoir que ses services sont à pied d’œuvre pour l’application des directives du ministère de l’Intérieur et du wali d’Alger.

Il déplore, cependant, l’absence de civisme des citoyens. « On assure quotidiennement le ramassage des ordures, même durant les week-ends. La situation s’est un peu améliorée, mais cela reste insuffisant sans la contribution des citoyens. » « Que ce soit dans les quartiers populaires ou ceux dits résidentiels, les ordures sont jetées n’importe où et à n’importe quelle heure », se désole l’édile. A une question sur le retour de la police communale comme solution à ce problème, il dira : « Ce n’est pas évident.

Avant, il y avait 8.000 habitants à Dar El Beïda, aujourd’hui, ils sont plus de 100.000. Il est possible de déployer un agent de la police communale au niveau des points de ramassage estimés à plus de 200, mais ce n’est pas une solution efficace. »

Pour ce responsable, la meilleure formule est la sensibilisation. « Il faut intensifier les campagnes de sensibilisation dans les mosquées et les écoles. Généralement, c’est l’enfant qui est chargé de faire sortir les ordures, on doit le cibler et il faut également impliquer davantage le citoyen.

Pour nous, la question de la sauvegarde de l’environnement et de l’amélioration du cadre de vie est primordiale. La commune de Dar El Beïda est dotée de tout le matériel et outillage nécessaires à la prise en charge de l’hygiène et de l’environnement. Aucune cité de la commune n’a été épargnée par les opérations de nettoyage et d’assainissement, mais le rôle du citoyen reste primordial », a-t-il conclu.

Poubelles enfouies à Hussein-Dey, mais…

La commune d’Hussein-Dey a mis en place un nouveau dispositif d’organisation et d’optimisation du ramassage des ordures ménagères. Il s’agit de la mise en place des poubelles enfouies (sous sol), a fait savoir le P/APC, Mohamed Sedrati, précisant que ses services mènent depuis longtemps des opérations de nettoyage.

« Elles sont quotidiennes, mais l’incivisme du citoyen entrave cette opération », nous fait-il remarquer.

Le responsable a plaidé pour le retour de la police communale. Selon lui, « c’est plus qu’une nécessité pour instaurer de l’ordre dans les villes. On ne peut pas mettre un policier devant chaque immeuble ou point de ramassage, mais la présence des agents sera dissuasive », a-t-il dit. De son côté, l’APC d’Alger-Centre a été destinataire de nouveaux équipements dans le cadre de cette opération. « On a également renforcé l’effectif qui est de 170 employés », a indiqué le P/APC d’Alger-Centre, Abdelhakim Bettache.

L’opération de nettoyage et d’assainissement des cités va se poursuivre. « Elle a touché le quartier populaire Bellili et les résultats sont visibles, mais l’adhésion des habitants à cette opération est faible », a-t-il regretté. L’APC compte trois équipes de tâcherons qui travaillent dans le cadre de la régie communale et les résultats sont visibles à la rue Tanger et à la cité Bellili. « On va saisir la wilaya pour généraliser cette formule », nous a-t-il annoncé. Les services vont renforcer leur présence à l’occasion de l’Aïd El Adha.

« Il est nécessaire de respecter les points de vente des moutons ainsi que l’implication de la police dans tous les arrondissements pour l’application des directives du wali d’Alger. L’APC de Baba Hassan compte aussi 4 équipes de tâcherons dans le cadre de l’opération Blanche Algérie. Les moyens tant humains que matériels mis en place seront-ils confortés par le civisme des citoyens ?