Proposition marocaine de dialogue: Un forcing pour rien

Proposition marocaine de dialogue: Un forcing pour rien

Le forcing exercé sur l’Algérie pour l’amener à s’exprimer publiquement au sujet de «l’offre» de Mohammed VI est resté vain. La lettre adressée par le Président Bouteflika au roi du Maroc à l’occasion du 63e anniversaire de l’indépendance de son pays n’a pas alimenté un débat dans lequel Alger refuse de s’inscrire.

Abla Chérif – Alger (Le Soir) – A peu de nuances près, le message parti d’El-Mouradia est identique à celui reçu par Rabat tout au long des dernières années. Celui de 2018 marque la différence sur un seul point : «Le respect mutuel» sur lequel, précise le texte, doit se baser le travail bilatéral pour «(…) consolider les relations de fraternité et de solidarité qui unissent nos deux pays (…)». Et cette différence fait justement partie de l’argumentaire développé par de nombreuses parties et sources autorisées algériennes pour expliquer «l’inconcevabilité», voire l’impossibilité d’aller vers la mise en place de mécanismes de stabilisation tant que la partie marocaine continue à verser dans «l’invective, les accusations mensongères et les tentatives de déstabilisation». Sur ce volet, les exemples que l’Algérie garde en mémoire sont légion et les derniers épisodes du déchaînement du voisin encore trop frais pour pouvoir se permettre l’oubli.

Il y a quelques semaines encore, le représentant du Maroc auprès des Nations-Unies avait fait de la session de New York une véritable tribune à travers laquelle il avait appelé la communauté internationale à faire pression sur Alger afin que cette dernière soit amenée à régler le problème du Sahara Occidental avec la partie marocaine. Ce discours faisait suite à l’envoi d’une lettre d’une rare virulence adressée par Mohammed VI au secrétaire général de l’ONU et dans laquelle il inversait les rôles en accusant l’Algérie d’être principalement à l’origine du blocage dans le dossier sahraoui. Les faits cités ont été enregistrés à un moment déterminant pour les Marocains désireux de peser sur les décisions de l’ONU au sujet du Sahara Occidental. Mais «la provocation, l’attaque, ne datent pas d’aujourd’hui», rappellent d’autres sources qui expliquent ainsi les raisons pour lesquelles l’offre du roi «est un non-évènement pour l’Algérie» qui appelle au «respect mutuel».

Il faut savoir aussi que les spécialistes du dossier ont interprété la démarche marocaine comme une «nouvelle manœuvre destinée à piéger les Algériens en les amenant à entamer des discussions bilatérales autour du Sahara Occidental, mais aussi à tenter une nouvelle fois d’inverser les rôles en nous faisant passer pour la partie responsable de la mauvaise qualité des relations bilatérales». «Entre les deux pays, règne une situation de guerre froide» avait laissé entendre Alger suite au déchaînement du roi du Maroc et rien n’indique, nous dit-on, que cette partie semble animée de meilleures intentions compte tenu de la persistance de nouvelles opérations de désinformation.

De nombreuses rumeurs, relayées par la presse marocaine proche du palais royal, font, en effet, croire depuis un moment à l’existence de «contacts politiques entre Algériens et Marocains pour baliser le terrain en vue de la mise en place du mécanisme proposé par Mohammed VI». «Mais il n’en est rien», ont affirmé des sources bien au fait du dossier. Ces dernières tiennent également à rappeler que même la tentative du PJD (Parti pour la justice et le développement) marocain a échoué.

Le 10 novembre dernier, ce dernier avait publié un communiqué annonçant que des formations politiques marocaines allaient entreprendre une visite auprès de la classe politique algérienne pour des discussions sur le sujet.

Un refus catégorique a été signifié par de nombreux chefs de partis algériens, y compris ceux de la mouvance islamiste.

A. C.