Propos xénophobes du président du groupe UMP, Nouveau dérapage raciste en France

Propos xénophobes du président du groupe UMP, Nouveau dérapage raciste en France
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Le racisme primaire mine le terrain politique en France. Les propos xénophobes se multiplient. Les déclarations racistes publiques ne sont plus l’apanage de Le Pen et ses sbires.

Le dernier propos choquant en date a été proféré, le 10 mars, lors d’une émission organisée par La Chaîne parlementaire, France Info et l’AFP, par un des caciques du parti de Sarkozy et président du groupe UMP, au Sénat français.



Invité à donner son avis sur la nomination éventuelle à la présidence de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) de Malek Boutih – fils d’émigrés algériens, socialiste, ancien président de SOS-Racisme et membre du Conseil économique et social -, M. Longuet, 64 ans, a eu une déclaration d’une extrême gravité.

«C’est un homme de grande qualité, mais ce n’est pas le bon personnage. Parce qu’il vaut mieux que ce soit le corps français traditionnel qui se sente responsable de l’accueil de tous nos compatriotes», avait-il répondu.

Et d’ajouter: «Si vous mettez quelqu’un de symbolique, extérieur, vous risquez de rater l’opération.»

Le propos proféré par ce sénateur au passé militant d’extrême droite, est grave. Parce qu’il est d’origine algérienne, Malek Boutih ne serait pas un «bon» citoyen français, il n’appartiendrait pas au «corps français traditionnel» et ne serait donc pas qualifié pour présider une institution.

Scandaleux! A peine acquitté, dans l’affaire du financement de l’ex-Parti républicain français, qui l’avait conduit à démissionner du gouvernement Balladur, en 1994, Gérard Longuet récidive en tenant des propos xénophobes.

Il a enfoncé le clou, hier, alors qu’il tentait de minimiser cette déclaration raciste en évoquant une «maladresse». Jean-Marie Le Pen lui apportait son soutien sur le fond, se disant «d’accord avec (sa) déclaration», et l’accusant de venir braconner sur ses terres, à la veille du scrutin.

Avant les élections régionales, «une fois de plus le gouvernement et l’UMP, font tout ce qu’ils peuvent pour siphonner les voix de l’extrême droite», a accusé Olivier Besancenot (extrême gauche). Les déclarations de Longuet ont provoqué un tollé à gauche et dans les associations antiracistes et qui ont conduit la droite, embarrassée, à prendre ses distances.

La gauche estimait qu’un nouveau cap inacceptable avait été franchi. Le patron des députés PS, Jean-Marc Ayrault, a demandé à François Fillon de «condamner très fermement» des «propos scandaleux». Le numéro 2 du parti socialiste Harlem Désir a dénoncé les «relents racistes» de propos qui «sont, bien plus qu’un dérapage, une véritable théorie raciale».

Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, a affirmé que «le rapport de la droite à l’immigration était consternant», allusion faite aux précédentes agressions verbales et à un débat controversé sur l’identité nationale, souvent jugé «stigmatisant» pour les 6 millions de musulmans de France.

Le ministre de l’immigration Eric Besson, issu de la gauche, s’est dit «en complet désaccord avec les propos de Gérard Longuet.» A droite, on tente comme on peut d’éteindre le feu en pleine campagne électorale.

Le porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre, a jugé ces propos «plutôt regrettables» et celui du gouvernement, Luc Chatel, a souligné que Gérard Longuet avait reconnu une «maladresse».

Le ministre de l’Ecologie, Jean-Louis Borloo, a pris la défense du socialiste Malek Boutih, visé par l’ancien ministre de l’Industrie, qui a, selon lui, «le bon profil» pour diriger la Halde.

Ainsi, cette énième déclaration raciste confirme le choix des tenants du courant xénophobe au sein de la droite française de courtiser l’électorat dans le droit fil de l’opération manœuvrière «identité nationale» de M. Besson ou des plaisanteries honteuses de M. Hortefeux.

En septembre 2009, le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux déclarait à propos d’un jeune militant UMP d’origine algérienne: «Quand il y en a un, ça va.

C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes.» Deux mois plus tard, la secrétaire d’Etat en charge de la Famille, Nadine Morano, posait, elle, sa condition à tout «jeune musulman qu’il se sente français et trouve du travail», pour être un bon citoyen français.

A la mi-février, des élus UMP de la région parisienne ont, injustement accusé un candidat socialiste aux régionales, d’origine malienne, d’être un «multi-récidiviste chevronné».

Le journal «Le Monde» invitait dans son éditorial le président Sarkozy à mettre «un coup d’arrêt» à une «inquiétante dérive».

Cette cascade de déclarations racistes intervient au moment où le camp du président Sarkozy est promis à une cuisante débâcle aux élections régionales, selon les sondages.

Amine L