Promotion du travail du cuir à Tamanrasset : Vers la création d’une tannerie végétale

Promotion du travail du cuir à Tamanrasset : Vers la création d’une tannerie végétale

“La réalisation d’une tannerie au niveau local permettra d’exploiter cette matière première et créer plusieurs opportunités d’embauche.”La réalisation d’une tannerie végétale est le projet sur lequel mise la Chambre d’artisanat et des métiers (CAM) de la wilaya de Tamanrasset, afin de promouvoir le travail de cuir et surtout pour développer le créneau de la maroquinerie qui butait auparavant sur l’indisponibilité et la cherté de la matière première.

La tannerie, dont l’activité consiste à transformer les peaux d’animaux en cuir, en les rendant imputrescibles, souples et résistantes, permettra de couper l’herbe sous le pied des lobbies qui exportent frauduleusement vers le Niger les peaux provenant des dépouilles d’animaux amassées dans les abattoirs de la wilaya pour traitement en tannerie. Selon le directeur de la CAM, Mourad Saïdani, “1800 peaux de chameau et 12 000 peaux de caprin sont produites mensuellement dans les abattoirs de la commune de Tamanrasset.

Ces peaux sont exportées illicitement vers le Niger pour traitement puis réexportées vers l’Algérie à des prix exorbitants. La réalisation d’une tannerie au niveau local permettra ainsi d’exploiter cette matière première et créer à coup sûr plusieurs opportunités d’embauche”. Notre interlocuteur a fait savoir que toutes les parties concernées par le projet, chacune dans son domaine de compétence, ont été consultées afin d’accélérer les procédures et les formalités y afférentes.

Il s’agit de la direction des services agricoles, de la conservation des forêts et de la direction de l’environnement ayant pour mission de veiller à l’utilisation rationnelle des végétaux exploités à travers les différents procédés du tannage, à savoir le planage, l’ébourrage et l’écharnage des peaux, lesquelles sont immergées dans des tonneaux ou des cuves contenant de l’eau et du tan. Ce dernier est obtenu par le broyage d’écorces de certaines espèces d’arbres, notamment le chêne et l’acacia, qui s’effectue d’une manière artisanale.

Les services des Douanes, l’Institut national de la recherche forestière, la Chambre de commerce et la direction de l’énergie et des mines ont été aussi sollicités pour ce qui est de l’utilisation des produits soumis à autorisation. “L’ajout d’autres extraits végétaux tannants en substitution aux produits chimiques reste une solution adéquate pour protéger l’homme et l’environnement”, précise

M. Saïdani. Les artisans invités à exposer leur produit à l’occasion des journées d’animation, initiées récemment par la CAM à la Maison de l’artisanat de Tamanrasset, ont salué le projet. Lansari Fatma, qui a hérité de ses ancêtres le métier de la maroquinerie et le travail du cuir, estime que cette tannerie ouvrira grandes les portes aux artisans de cette région touristique, notamment ceux désirant investir dans ce créneau juteux, mais qui en sont dissuadés en raison de la cherté de la matière première.

“Nous comptons plus d’une vingtaine de femmes qui font du tannage traditionnel à In Zaouen (4 km de Tamanrasset). Avec un peu d’encadrement et de formation, elles contribueront au lancement de cette tannerie, d’autant que les autres conditions s’y prêtent parfaitement”, a-t-elle déclaré.

R. K.