Les professionnels du secteur de l’énergie et des mines ainsi que les principaux industriels nationaux ont débattu dimanche à Alger des opportunités d’investissements en matière de fabrication d’équipements et de pièces de rechange dans les hydrocarbures, l’énergie et les mines ainsi que les énergies renouvelables.
Lors de cette rencontre placée sous le haut patronage du Président de la République et qui s’est déroulée en fin de journée, les participants se sont, en particuliers, penchés sur l’identification des moyens et solutions pour l’amélioration de l’intégration nationale en matière de fourniture d’équipements industriels dans un secteur largement dominé par l’importation.
Les représentants des principales sociétés et organismes impliqués dans le secteur des hydrocarbures, de l’énergie et des mines ont axé leurs interventions sur les opportunités offertes dans ce domaine.
Ainsi, le patron de Sonatrach, Noureddine Cherouati, a affirmé que les différentes activités du groupe constituent une opportunité réelle de partenariats avantageux pour les industriels et les investisseurs algériens mais aussi pour les détenteurs de licences et de brevets.
Selon lui, ce partenariat qui constitue un levier décisif dans le développement de la fabrication locale de la pièce de rechange, permettra, une fois concrétiser, de réduire sensiblement la facture des importations du groupe en matière de pièces de rechange et d’équipements industriel et aussi contribuer à la création d’une valeur ajoutée locale.
Pour sa part, le P-DG de Naftal, Saïd Akretch, a énuméré les différents volets de partenariats industriels avec les investisseurs et les PME algériens.
Outre, les activités habituelles de Naftal, à l’image du transport et de distribution des produits pétroliers et qui offre différents horizons de collaboration, M. Akretch a évoqué de nouvelles activités dans lesquelles les opérateurs industriels nationaux pourraient s’impliquer comme le traitement et la dépollution des déchets, la collecte et régénération des huiles usagées ainsi que la distribution du GPL
De leur côté, le P-DG de Sonelgaz, Noureddine Bouterfa, et le directeur général de l’Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l’utilisation de l’énergie (Aprue), Mohamed Salah Bouzeriba, se sont essentiellement penchés sur le programme national des énergies nouvelles et renouvelables (ENR) et le programme de maîtrise de l’énergie. Ces deux programmes, adoptés en janvier dernier par les pouvoirs publics, offrent d’importantes opportunités de partenariats avec le secteur industriel public et privé, ont souligné ces deux responsables.
Il s’agit notamment de la fabrication d’équipements d’exploitation et de stockage de l’énergie de source renouvelable comme les modules photovoltaïques, les équipements d’isolation thermique, les kits de chauffage de l’eau et de GPL carburant. Intervenant lors du débat, les représentants du secteur industriel ont affiché leur intérêt pour une coopération renforcée particulièrement dans le domaine de la fourniture et de l’entretien des équipements destinés aux hydrocarbures, l’énergie et les mines ainsi que les énergies renouvelables.
Certains intervenants ont cependant sollicité plus d’explications concernant les bonifications accordées en matière de production des ENR ainsi que la problématique de transfert technologique. A cet effet, le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a affirmé qu’un projet de texte obligeant Sonelgaz d’acheter l’électricité d’origine renouvelable et produite par des opérateurs nationaux tiers est à l’étude.
S’agissant de la seconde problématique, le représentant du ministère de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, Mohamed Bacha, a souligné que le domaine recherche et développement pourrait être la solution alternative idéale.
Ce volet constitue « un important gisement d’innovation » auquel les industriels nationaux publics et privés pourraient puiser dans le cadre de partenariats universités-entreprises, a-t-il affirmé.
Pour relever le défi des énergies renouvelables : L’Algérie trace un programme ambitieux
L’Algérie, qui a tracé un ambitieux programme pour le développement des énergies renouvelables (ENR), mise sur cette ressource largement disponible et inépuisable pour diversifier ses sources énergétiques avec en vue l’objectif à terme d’en exporter une partie vers l’Europe.
Lors d’une journée de réflexion avec la communauté scientifique sur le programme des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique organisée jeudi dernier à Alger, le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, avait indiqué dans un message que l’Etat, apportera l’appui nécessaire à la recherche dans ce domaine en créant des « passerelles » entre les centres de recherche et les industries.
En outre, l’Etat balise sa démarche par la mise en place prochaine d’un Commissariat aux énergies renouvelables qui devra, selon le Président Bouteflika, « guider de façon globale et cohérente, les réflexions sur les dispositifs de soutien à ces énergies « en concertation permanente avec tous les acteurs » du secteur.
A travers l’exploitation des énergies solaire, éolienne et géothermique, le programme d’ENR vise à porter progressivement la production d’électricité à partir de ces énergies, d’ici 20 ans, à 40% de la production globale d’électricité.
Le programme vise à installer une puissance d’origine renouvelable de près de 22.000 MW d’ici 2030 dont 12.000 MW pour couvrir la demande nationale et 10.000 MW destinés à l’exportation « si les conditions y sont favorables ».
Une fois réalisé, ce programme permettra d’économiser, selon le Chef de l’Etat, »près de 600 milliards de mètre cubes de gaz sur une période de 25 années », soit l’équivalent des quantités annuelles de gaz exportées actuellement par l’Algérie.
Avec une soixantaine de projets identifiés dans ce domaine, l’Algérie envisage aussi de répondre aux besoins de pays étrangers en matière d’énergie électrique, et ce en partenariat avec des acheteurs européens.
L’enjeu est majeur, car l’ENR sur les vingt prochaines années, représente un investissement évalué, pour le seul volet électricité, à plus de 4.500 milliards de Dinars, soit plus de 62 milliards de dollars.
Ainsi, l’Algérie ambitionne grâce à ce programme, de limiter la dépendance de son économie de la ressource hydrocarbure en optant pour une ressource énergétique respectueuse de l’environnement, pérenne et surtout essentielle au développement durable du pays.
Il faut dire que l’Algérie est déjà classée par la Banque mondiale parmi les 14 pays à revenu intermédiaire ayant des programmes pour rééquilibrer leurs sources d’énergie en investissant dans les projets d’énergies renouvelables à grande échelle.
Pour la BM, la centrale hybride (gaz, solaire) de Hassi R’mel dans la wilaya de Laghouat, d’une capacité de 150 MW et qui sera inaugurée prochainement, illustre parfaitement l’engagement de l’Algérie dans cette énergie du futur.
Par ailleurs, au regard du caractère nouveau des technologies à mettre en œuvre, le Président de la République a insisté, lors du dernier Conseil des ministres, pour que la période 2011 à 2013 soit pleinement consacrée à la maîtrise des connaissances et des technologies liées à ce domaine encore nouveau, y compris au niveau mondial.
A ce titre, le Président Bouteflika a instruit le gouvernement de veiller à promouvoir une coopération avec tous les partenaires étrangers publics et privés disposés à partager avec l’Algérie leurs connaissances et à œuvrer pour des associations fondées sur un partage équitable des bénéfices.
Le ministre de l’Energie et des Mines M. Youcef Yousfi l’a réitéré dimanche dernier lors d’une rencontre sur les industries des ENR: « La mise en œuvre du programme des énergies renouvelables « n’aura de sens » que si la majeure partie des équipements et des composants est fabriquée localement et que si les technologies sont maîtrisées dans des laboratoires algériens.
« C’est un immense chantier qui s’ouvre à nous et l’Etat est prêt à accompagner les efforts qui seront entrepris dans ce sens », a-t-il déclaré.
Pour sa part le Président de la République a insisté dimanche encore dans un message aux participants à cette journée sur la nécessite d’associer et de soutenir les initiatives des opérateurs nationaux dans la réalisation de ce programme.
Pour lui, la nouvelle politique énergétique nationale « sera accompagnée du développement d’une industrie de sous-traitance locale dans les ENR, à même de créer des dizaines de milliers d’emplois à haute valeur ajoutée durant la décennie ».