Promotion des exportations: Où réside le mal?

Promotion des exportations: Où réside le mal?

Les tarifs du transport maritime et aérien en Algérie sont parmi les plus élevés au monde, mais le gouvernement tarde toujours à ouvrir ces deux segments à la concurrence privée.

Un débat presque fou sur la limitation des importations occupe la sphère économico-politique ces derniers temps. Le seconde un autre débat, moins important, intense celui-là, sur la promotion des exportations. Dans cette valse à deux temps, tout est dit sauf, peut-être, l’essentiel.

En effet, depuis la chute brutale des prix du pétrole, des mesures aussi chaudes les unes que les autres sont prises et si celles-ci ont pu réduire les importations, leur impact sur les exportations reste nul car elles n’ont aucun prolongement dans la réalité. Autrement dit, l’élimination des entraves bureaucratiques et administratives que rencontrent les exportateurs ne suffit pas pour booster les exportations. En la matière, l’Algérie enregistre bien des retards, aussi bien par rapport à nos voisins tunisiens et marocains que par rapport aux pays de l’Europe du Sud qui, à l’exception des dattes, exportent tous les produits que les Algériens peuvent exporter. Donc, pour assurer la facilitation et la promotion des exportations, l’Algérie n’a qu’un seul choix: s’aligner sur tous les pays potentiellement concurrents et, à terme, faire mieux qu’eux, ce qui est loin d’être le cas.

Lors d’une rencontre avec une délégation du FCE et le ministre des Transports l’année dernière, Amar Ghoul à ce moment-là, avait dit que «le transport, dans ses différents segments, est la locomotive de l’économie». Lors de cette même rencontre, Amar Ghoul avait trouvé désolant que plus de 97% des marchandises destinées à l’Algérie passent par les compagnies de transport étrangères. «Notre flotte nationale sera renforcée de 27 navires, nous allons réduire ce taux de 30%.

Le reste du marché peut être couvert par le privé algérien», avait-il promis au sujet du transport maritime. Même chose pour le transport aérien dont il avait promis l’ouverture au capital privé national en soulignant que ce projet était «prévu dans les réformes en cours, et figure dans la nouvelle loi sur les transports qui a été soumise au Parlement». Toutefois, plus d’une année est déjà passée et rien n’a été fait. Et le transport maritime et le transport aérien restent monopolisés par l’Etat. Le manque de concurrence se répercute amplement sur les prix du transport et rend l’Algérie beaucoup moins compétitive en matière d’exportations que, par exemple, le Maroc et la Tunisie.

En effet, en plus de leur expérience appréciable, chacun des deux pays compte plus de 1500 entreprises exportatrices, le transport est à 40% moins cher chez eux qu’en Algérie. De plus, les containers qui arrivent en Algérie repartent souvent vides, ce qui occasionne une double perte pour l’Algérie. Pourtant, de l’aveu même de l’ex-ministre des Transports, «le transport, dans ses différents segments, est la locomotive de l’économie». Pourquoi donc la nouvelle loi promise par Amar Ghoul tarde à venir? Pourquoi l’ouverture du transport maritime et aérien au privé, fort indispensable pour le développement des exportations au demeurant, tarde à se faire?

Le manque de consensus a toujours été l’argument phare pour justifier des retards et autres manquements. Or, l’ouverture du secteur des transports fait consensus dans tous les milieux, y compris au sein du gouvernement. «Le transport aérien sera ouvert au privé», avait déclaré Amar Ghoul avec optimisme en affirmant que la Cnan allait acquérir 27 navires pour couvrir au moins 30% du transport maritime algérien et laisser le reste au privé. Où réside donc le problème? Décidément, en plus de la faiblesse poignante de son offre exportable qui, très souvent, repose sur les excédents, l’Algérie est en train de sacrifier tous ses avantages comparatifs, notamment en matière de coûts de production, en s’entêtant à ne pas ouvrir le secteur des transports à la concurrence.