Tant que l’argent du pétrole est utilisé pour importer, il y aura toujours ceux qui s’opposeront à la promotion des exportations des produits des autres secteurs.
Tant qu’on croit qu’il suffit de parler des problèmes pour que ceux-ci soient résolus, nous resterons les derniers de ce monde et nous nous appliquerons à aller encore plus bas, chaque fois que l’occasion se présente! Ceux qui ont réellement voulu se développer ont d’abord agi ou, au moins, joint l’acte à la parole parce que les mots seuls n’ont jamais servi qu’aux poètes.
Aussi loin que peut aller la mémoire d’Algérien, il a toujours été question d’encourager les exportations hors hydrocarbures. Et aussi têtus que notre réalité incroyable, ces exportations n’ont pas voulu bouger. Elles continuent à ne rien signifier et nous continuons à en parler. De deux choses l’une: soit nous aimons les choses insignifiantes et il nous plaît donc d’en disserter à longueur de décennies, soit nous ne savons pas que parler des problèmes n’a jamais été un moyen de les résoudre sauf, peut-être, dans les thérapies de groupe et, fasse Dieu que nous ne soyons pas dans ce cas!
En définitive, à chaque grande occasion, soucieux de soigner notre apparence, nous rappelons l’importance de propulser les exportations hors hydrocarbures et puis, juste après, nous enfourchons sur d’autres sujets jusqu’à la prochaine grande occasion qui nous verra alors débiter le même discours. Parfois en élevant un peu plus la voix. Parfois en donnant des coups sur la table. Parfois en tapant du doigt sur le micro. Quelquefois en fixant les présents dans les yeux et, souvent, en se contentant de lire difficilement dans une feuille jaunie.

En réaliaté, dans notre culture, on ne se souvient de l’impératif d’encourager les exportations hors hydrocarbures qu’au moment des crises ou dans des périodes qui font peur ou alors lorsque, pour des raisons quelconques, on veut plaire aux autres. C’est alors que nous prenons la peine de demander à nos conseillers de nous écrire de beaux discours sur cette question. Que faut-il dire pour que les gens s’aperçoivent que nous avons bien saisi le problème? Comment le dire? Quelle tournure? Quel style? Quel verbe ici? Quel adjectif là? Mais en général, c’est le forage, c’est l’exploration des gisements qui nous occupe et nous préoccupe et, comme on n’a pas tellement envie de suer, alors on évite de trop réfléchir à ce qui peut nous obliger au travail.
Finalement, il est clair que nous ne développerons jamais ces exportations hors hydrocarbures. Jamais tant que nous ne passerons pas à l’acte. Tant que nous n’avons pas jeté la feuille jaunie sur laquelle est transcrit un discours vieux de soixante ans, tant que nous n’avons pas compris que parler n’est pas une méthode de résolution de problèmes et, surtout, tant que nous n’avons pas donné un coup de pied dans la fourmilière!
Il n’y aura jamais de substitution aux exportations d’hydrocarbures tant que nos entreprises ne sont pas bien gérées, tant qu’elles ne sont pas bien impliquées dans l’effort du développement. Par ailleurs, l’importation chaotique, menée par le caprice d’une certaine partie pour l’intérêt restreint d’une autre partie, sera toujours là pour traverser les cerveaux et empêcher les hommes de réfléchir à autre chose qu’aux mots avec lesquels il faut parler, seulement parler, de l’exportation en dehors du secteur des hydrocarbures..
Après tout, tant que l’argent du pétrole est utilisé pour importer, il y aura toujours ceux qui s’opposeront à la promotion des exportations des produits des autres secteurs. Mais si on veut réellement y arriver, ce n’est pas difficile et, cela, tout le monde le sait!