Les décisions prises lors du dernier Conseil des ministres n’ont pas laissé indifférente la presse étrangère. A l’unanimité, commentateurs et éditorialistes s’accordent à dire que la promesse de lever l’état d’urgence est un signe de panique de l’Etat induit par les contestations en Tunisie et en Égypte.
Le commentateur du Figaro estime en effet que «cette concession, inhabituelle chez les dirigeants algériens, révèle l’ampleur de la panique qui agite le sérail. Selon des sources dignes de foi, cette “ouverture” contrainte et forcée serait le résultat de “conseils amicaux” de l’administration américaine. Si Barack Obama apprécie, dit-on, la coopération avec les Algériens dans la lutte contre le terrorisme, il est excédé par les atteintes récurrentes aux libertés et par la corruption qui a gangrené les hautes sphères du régime». «Pour cette normalisation autoritaire, les effectifs policiers ont doublé et leurs salaires ont augmenté de 50% en décembre dernier.
Même l’assassinat, en février 2010, d’Ali Tounsi, le directeur de la Sûreté nationale, serait le résultat des luttes féroces pour le contrôle de la police. Depuis la chute de Ben Ali, c’est le cauchemar.» Sur le site de la radio Europe 1, le commentateur estimait que la réaction du président algérien s’apparentait à un «mea culpa». Il écrivait hier «levée de l’état d’urgence et lutte contre la corruption, construction de logements, ou encore stabilisation des prix : les promesses faites aux Algériens par leur président sont grandes. Jeudi, Abdelaziz Bouteflika a lâché du lest, soucieux de ne pas laisser les mouvements démocratiques tunisien et égyptien s’installer en Algérie» et de se demander «reste à savoir si ces promesses seront tenues, et si elles suffiront à éviter une contagion de la tempête démocratique qui secoue actuellement le monde arabe, en Algérie».
Pour France Soir, le pouvoir algérien fait dans l’anticipation en n’attendant pas l’embrasement du pays. «Conscient de la fragilité de la situation, au regard des événements en Tunisie et en Égypte, le président algérien a également promis plus d’ouverture en faveur de l’opposition.
La radio et la télévision publiques sont ainsi priées d’ouvrir davantage leurs antennes à l’ensemble des partis et de couvrir leurs activités.» Même lecture faite par le commentateur de l’Express qui écrivait hier que «ces annonces interviennent alors que des soulèvements populaires ont eu raison du régime de Zine Ben Ali en Tunisie voisine ou menacent le pouvoir d’Hosni Moubarak en Égypte». Idem pour Le Point qui constate que les changements promis interviennent «en pleine tempête contestataire dans le monde arabe».
Le journaliste écrivait dans l’édition d’hier que «le président Bouteflika a enfin répondu à un flot de revendications qui ont provoqué ces dernières années de nombreux mouvements spontanés de citoyens en colère, que ce soit contre le manque de logements ou la mauvaise qualité des habitations qui leur étaient livrées, le chômage ou la hausse des prix. Il a demandé l’accélération de la construction de logements et donné l’ordre aux banques, dont 90% sont publiques, de faciliter les prêts immobiliers mais aussi des mesures pour consolider les prix des produits de première nécessité ».
N. I.