Le projet de révision de la Constitution, jusque-là objet de spéculations, fantasmes et autres affabulations, semble finalisé, ou presque. Le président Bouteflika dans son message, à l’occasion du 1er Novembre, en a dit un peu plus. Et donc, plus de visibilité. On sait désormais que la publication du document n’est plus qu’une question de jours.
Mais plus que le calendrier, c’est surtout son contenu qui mérite qu’on y regarde de près, tant il semble contenir pas mal d’avancées. En théorie, pour le moment. Ainsi, le Président parle de sa volonté de “consolider” l’unité nationale autour de notre histoire, de notre identité et de nos valeurs spirituelles et civilisationnelles. On est enclin à penser qu’à travers cette déclaration, il fait déjà référence à la prochaine disposition qui consacrera le caractère officiel de la langue amazighe pour la mettre au diapason des deux autres composantes de notre identité nationale, l’arabité et l’islamité. Problématique identitaire, mais pas que, puisque le chef de l’État promet aussi des réformes politiques. Dans ce cadre, il entend promouvoir le rôle de l’opposition parlementaire, à travers, certainement, l’élargissement de ses compétences, pour lui permettre d’avoir un impact réel dans le travail parlementaire. Mais la grande affaire de ce projet de révision, c’est, sans conteste, cette idée de mise en place d’un mécanisme indépendant de surveillance des élections. Difficile de ne pas y voir une façon, pour le Président, de se réapproprier la revendication de la CNLTD, qui n’a eu de cesse, justement, de réclamer une “commission” indépendante pour la prise en charge des processus électoraux et les soustraire aux tripatouillages récurrents de l’administration, sous l’œil du DRS. Question : le Président, en faisant une telle proposition, est-il
sincère ? A-t-il vraiment entendu l’opposition, ou cherche-t-il seulement à la circonvenir, juste pour obtenir sa caution politique ? “On attend
de voir”, a réagi un des représentants de cette opposition, qui positive l’offre en rappelant, néanmoins, les promesses non tenues de Bouteflika. Mais comme l’homme est en fin de parcours politique, il n’est pas impossible qu’il soit, pour le coup, de bonne foi. Histoire d’espérer sortir par la grande porte et passer à la postérité, comme l’homme de la rupture systémique.