Prolongement de l’accord opep/non-opep : Sursis pour les économies dépendantes des hydrocarbures

Prolongement de l’accord opep/non-opep : Sursis pour les économies dépendantes des hydrocarbures

La perspective d’un baril au-dessus de 60 dollars en 2018 constitue une bouée de sauvetage pour le gouvernement.

Ce n’est un secret pour personne que l’Algérie est pleinement engagée dans le soutien à l’accord Opep/non-Opep pour la réduction de la production en faveur d’une stabilisation durable des marchés pétroliers. L’Algérie subit de plus en plus les effets négatifs de cette crise pétrolière. La dépendance des recettes budgétaires vis-à-vis des hydrocarbures rend les finances publiques vulnérables. En octobre dernier, et devant l’Assemblée populaire nationale, le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, avait expliqué que l’Algérie avait besoin d’un baril à 70 dollars pour équilibrer son budget pour l’exercice 2017. Un prix d’équilibre budgétaire qui va bien au-delà des 50 dollars sur lesquels a été instituée la loi de finances 2017. La  chute des prix du pétrole a, de fait, entraîné celle des recettes d’exportations d’hydrocarbures qui sont passées de 60,3 milliards de dollars en 2014 à 18,7 milliards de dollars au cours des sept premiers mois de l’année 2017.

Pour 2018, le budget, établi sur la base d’un baril à 50 dollars pour un cours actuel autour de 60 dollars, prévoit une hausse de 9,8% des recettes fiscales pour des recettes totales établies à 47,3 milliards d’euros, soit un déficit budgétaire de 15,5 milliards d’euros. La complexité de la situation a poussé les pouvoirs publics à faire  le choix, très contesté, du recours à la planche à billets. Outre la baisse des recettes pétrolières qui représentent, de loin, la plus importante source de devises, le déficit qu’accuse notre pays dans la diversification de son économie impose la remontée des cours de l’or noir comme la seule planche de salut. Et la perspective d’avoir un baril au-dessus de 60 dollars en 2018 constitue, à coup sûr, une bouée de sauvetage non négligeable pour le gouvernement. Une perspective qui se dessine de plus en plus avec le prolongement, jeudi dernier, de l’accord  Opep/non-Opep. En effet, la réduction des quotas de production, qui devait prendre fin en mars prochain, devrait se poursuivre jusqu’à la fin de l’année 2018. De plus, la Libye et le Nigeria, qui étaient jusque-là exemptés, feront désormais partie de l’accord. Les grands producteurs ont, en effet, tout intérêt à poursuivre leurs efforts. Les stocks à résorber sont encore très importants, mais la hausse de la consommation mondiale constatée en 2017 devrait se poursuivre en 2018. Si l’accord est respecté, cela permettra de revenir plus vite à un équilibre entre l’offre et la demande. Selon des analystes, on devrait trouver pour 2018 un prix d’équilibre du baril au-dessus de 60 dollars. Ce qui est une bonne chose pour les pays producteurs. Mais c’est surtout à moyen terme que l’impact sera important. Ces dernières années, face à la chute des prix, les grandes compagnies ont maintenu les dividendes versés aux actionnaires, mais ont fortement réduit leurs investissements. Cette relative embellie financière donnera au pays une certaine marge de manœuvre et l’aidera, du moins sur le court terme, à surmonter les difficultés observées du fait de cette crise pétrolière, en permettant d’atténuer temporairement les difficultés budgétaires et, surtout, compter un peu moins sur la planche à billets.

Saïd Smati