Abdelaziz Bouteflika semble être déconcerté par l’ambiance morose, l’atmosphère de sinistrose et cette période de doute qui caractérisent la scène politico-économique du pays ces derniers mois.
Dans son message rendu public à l’occasion de la commémoration du 61e anniversaire de la Révolution du 1er Novembre 1954, le président de la République a voulu poser, de nouveau, les jalons d’une forte mobilisation autour de son programme. Il a annoncé une révision constitutionnelle pour les jours à venir. À travers cette annonce, Bouteflika veut répondre aux plus sceptiques et leur dire qu’il continuera à consentir des efforts supplémentaires et nécessaires pour mener à terme son plan d’actions inscrit dans le quinquennat qui s’achève en 2019. Le chef de l’État veut réglementer la vie économique par de nouvelles dispositions que contiendra le prochain texte, estime l’économiste, Abdelmalek Serraï. Même s’il n’a pas tout dit, le premier magistrat du pays semble vouloir dire au peuple, néanmoins, qu’il a encore les moyens de sa politique. Certaines phrases de ce “discours mobilisateur” sont annonciatrices de nouvelles actions que compte vraisemblablement entreprendre, dans les jours prochains, Abdelaziz Bouteflika. Il va, sans doute, commencer par situer les priorités et redéfinir les secteurs stratégiques. Pour cela, le chef de l’État espère que la révision constitutionnelle contribuera… “à davantage d’épanouissement des énergies des acteurs économiques et sociaux du pays, au service des intérêts de notre peuple”. Comment peut être traduite cette déclaration ? “Il ne donne pas plus de détails, on verra dans les jours qui viennent”, se contente de dire M. Serraï. Toutefois, des articles, affirme cet expert, seront assurément introduits dans la nouvelle Constitution par le biais desquels, les richesses naturelles du pays seront préservées et deviendront la propriété exclusive de l’État. En termes plus clairs, ces richesses souterraines ne doivent aucunement être l’objet de négociations de la part d’un simple ministre de la République avec des étrangers. Le Président semble être échaudé par l’épisode Chakib Khelil et ne veut pas céder aux pressions à la fois américaines et françaises quant à l’exploitation de ces richesses. Il sera aussi question dans cette Constitution, selon Abdelmalek Serraï, d’exploitation plus suffisante des autres richesses. “L’on dénombre une quarantaine de minerais, tels que le fer, le phosphate, l’or… qui ne sont pas suffisamment exploités”, déplore-t-il. Abdelaziz Bouteflika est, semble-t-il, convaincu, qu’il doit revoir sa copie en matière de stratégie économique. Il doit procéder à des réajustements impératifs dans la politique économique qu’il prône. Des mesures doivent être prises en poursuivant de façon plus profonde le processus des réformes. Le Président s’est peut-être rendu compte également qu’il lui sera plus bénéfique de faire sauter tous les verrous qui bloquent la machine économique. Il est grand temps pour lui de lever tous les écueils d’ordre bureaucratique qui empêchent l’achèvement des grands projets structurants inscrits dans le quinquennat, relevant des secteurs importants, comme l’habitat, le commerce, l’agriculture, l’industrie, le tourisme… Le Président a probablement compris que ses objectifs du plan quinquennal ne peuvent être atteints sans l’adhésion de tous, y compris celle des acteurs économiques qui ne font pas partie du sérail. Abdelaziz Bouteflika semble arrivé à l’inéluctable conclusion, celle de libérer en urgence les initiatives et d’accorder plus de crédit et d’attention à l’opérateur économique privé. En octroyant plus de facilitations et de soutien à celui-ci, tel que cela se fait dans les pays les plus développés, c’est l’Algérie, “pays émergent de demain”, tant souhaité, qui en profitera…