Le projet de révision constitutionnelle devrait, enfin, sortir des tiroirs, dans les jours à venir. Le Conseil constitutionnel est saisi du texte, alors que l’administration, partis et autres associations proches du pouvoir sont sur le pied de guerre pour entamer la campagne en faveur du projet présidentiel.
Anticipant cette échéance, le FLN a lancé son initiative de “front”, en vue d’être la locomotive, la seule, qui tracterait le projet qui traîne depuis 2011. Le dernier message du président Bouteflika, à l’occasion de la célébration du 1er Novembre, annonçant une révision imminente de la Constitution, aura constitué le signal de départ pour la campagne en faveur de ce projet, bien avant que son contenu ne soit rendu public. En annonçant que le “front” lancé par le FLN aurait reçu l’adhésion d’une quarantaine de partis et d’un millier d’associations, le vieux parti met la barre très haut, tellement haut qu’aucune autre partie ne pourrait prétendre se mesurer à lui. Le RND, dont le patron constitue un sérieux concurrent pour la succession de Bouteflika, est marginalisé, en dépit de son soutien au Président et à son projet de révision constitutionnelle. Dans cette guerre, d’offre de services, une troisième voie vient de monter au créneau : 19 personnalités ont demandé audience au président Bouteflika. Ces personnalités étaient, dans un passé récent, proches du chef de l’État et veulent faire entendre un autre son de cloche au Président, contraint, par la maladie, à limiter ses activités au strict minimum.
Une troisième voie qui ne fera pas oublier, toutefois, le refus de l’opposition de cautionner la démarche présidentielle et qui ôte le caractère “consensuel” au projet de révision constitutionnelle. L’offensive du FLN a trouvé preneur, pour le moment, empruntant le mode opératoire classique : le ouï-dire qui laisse croire que l’ordre viendrait d’en haut et que tout le monde devrait se mettre en ordre de bataille. En biaisant, ainsi, le débat, bien avant la publication du projet de révision constitutionnelle, le FLN semble faire la meilleure offre de service et l’on imagine mal le pouvoir décliner une telle offre en ce moment précis. Même s’il fallait relativiser l’importance des chiffres annoncés par le FLN, sachant que la majorité des partis et associations ayant soutenu son initiative, ne sont, en fait, que de simples sigles dépourvus de bases. Mais au-delà du fait que le projet de révision constitutionnelle devrait passer “comme une lettre à la poste”, surtout si la voie parlementaire, pour son adoption, était retenue, il y a lieu de relever qu’en attendant les prochaines échéances électorales (législatives et surtout présidentielle), le FLN est en train de se refaire une santé, lui qui avait vécu une crise interne d’une rare gravité.
À travers sa démonstration de force, le FLN compte se présenter comme un acteur incontournable en prévision de la succession du président Bouteflika
