Projet de loi relatif à l’information : Les professionnels s’expriment

Projet de loi relatif à l’information : Les professionnels s’expriment
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Les mesures prévues par le projet de loi organique relative à l’information ont suscité des réactions des professionnels de la presse. Elles ont été applaudies par certains responsables de journaux alors que d’autres indiquent que rien n’a été inventé. «Tous les pays du monde sont passés par là», disent-ils. La troisième aile joue la prudence, en estimant que «c’est prématuré pour se prononcer, puisque le texte officiel des nouvelles mesures n’est pas encore rendu public».

– Samir Sabek, Directeur technique et de la coordination de La Nouvelle République

Dans l’ensemble, le projet de loi sur la loi organique relative à l’information, est objectif. Avec l’exclusion de toute peine privative de liberté en matière de délit de presse, je pense que l’objectif des journalistes a été atteint. C’est une bonne chose pour les journalistes et pour la corporation toute entière. On sera plus libres dans nos écrits, mais il faudrait qu’on reste objectifs, quand même dans nos analyses conformément à l’éthique journalistique. Concernant l’élargissement du champ audiovisuel, un autre objectif a été atteint. Je pense que cela a toujours été une décision politique et ça a toujours été demandé et réclamé par les journalistes et les politiques. Avec une vision macro, je dirai que l’Algérie est en train de se réveiller sur beaucoup de choses; libérer la presse mais sans abus. Quant à l’agrément des titres de presse qui relèvera de l’Autorité supérieure de la presse dont la moitié de ses membres sera désignée par le président de la République, je pense qu’il faudrait à ce que cette commission prenne forme pour pouvoir parler d’elle, mais dans l’ensemble, c’est bénéfique. Pour ce qui est de la création de l’Instance nationale de déontologie et d’étique de la presse, je dirais qu’il ne faut pas se précipiter. Il faut d’abord connaître quelles sont les décisions qui vont suivre, mais dans l’ensemble, c’est extraordinaire, je dirai.

– Amine Allouache, Directeur de la publication du Jeune Indépendant

Quand il y a quelque chose de nouveau, c’est toujours bon à prendre, surtout quand c’est positif et quand il y a un débat. Nous avions contesté quelque peu le contenu de cette loi par rapport au volet de dépénalisation de délit de presse. Je me souviens, après l’engagement du Président, il y a sept mois de cela, on a parlé de la dépénalisation totale des délits de presse. Le ministre nous a consultés et par la suite, il a préparé cet avant-projet de loi. Nous lui avons donné quelques propositions. Maintenant que le premier magistrat du pays a suspendu toutes les peines privatives, à mon sens c’est le volet le plus important du nouveau code de l’information, dorénavant, le journaliste pourra travailler tranquillement. Si on maintient la loi pénale pour les gens de la presse, il n’y aura jamais de journalisme d’investigation. L’ouverture du champ audiovisuel est une très bonne chose. Afin d’illustrer mes propos, il y a eu récemment un problème avec les Egyptiens, les Algériens se sont retrouvés paralysés. Et maintenant il y a le cas d’El-Djazeera qui détruit les Etats. L’ouverture est une bonne chose sauf que ces outils doivent être gérés par des professionnels pas par ceux qui ont de l’argent. Je rajoute à cela que l’Etat ne doit pas aider les nouveaux propriétaires de ces médias. L’Etat doit afficher sa présence par l’Autorité de régulation et par le Haut comité de l’audiovisuel. L’ouverture crée également de l’emploi. Pour ce qui est de la nouveauté dans l’agrément des titres, je dirai que toute autorité où il y a les professionnels qui siègent à l’intérieur, est la bienvenue. A propos de l’Instance nationale de déontologie et d’éthique de la presse, je pense que nous avons toujours des garde-fous.

– Mourad Slimani, Rédacteur en chef, chargé des régions au niveau d’El-Watan

L’exclusion des peines d’emprisonnement a toujours été la revendication de la corporation pendant de longues années. L’Algérie fait partie des rares pays au monde où, pour un écrit journalistique, le rédacteur va en prison. Si aujourd’hui on arrive à lever cette menace sur le journaliste, ça ne peut qu’être bien accueilli par la corporation. En tant que professionnels, on voudrait que le journaliste ne doit pas faire son travail sous le stress de fortes amendes. On a encore du chemin à faire ! Mais on n’invente rien, c’est comme ça que ça se passe un peu partout dans le monde. Le journaliste n’est ni un criminel, ni un voleur pour aller en prison. Pour l’ouverture de l’audiovisuel, je pense que c’est la grande annonce du moment. C’est une revendication tout à fait légitime de l’opinion nationale. Nous vivons dans un contexte régional et international où l’accès à l’image est accordé. Nous sommes à la traîne sur ce plan. Je pense qu’il y a une volonté à contrôler l’image, à contrôler l’information sous prétexte que la société algérienne n’est pas prête pour avoir des chaînes télé privées, des radios privées. Officiellement, on déclare qu’on doit ouvrir le champ audiovisuel, mais il faut fixer des délais. L’Autorité de régulation, la loi spécifique et le cahier de charges risquent d’être les verrous de l’ouverture. Pour la nouveauté des agréments, je dirais que théoriquement, c’est une bonne chose mais la réalité est sur le terrain. Je sais qu’il y a eu plusieurs demandes d’agrément de journaux qui n’ont pas été acceptées et les auteurs des demandes n’ont jamais eu d’explications. Il y a une avancée technique. Sur le plan de la régulation, on n’invente encore rien du tout.

Il y a une brèche qui est ouverte.