La reprise de la pêche au corail, suspendue depuis 2000 ne se fera pas sans la promulgation de la loi relative à la pêche et l’aquaculture qui amende celle de 2001. L’été dernier, le ministre en charge du secteur avait affirmé que des textes législatifs et règlementaires allaient voir le jour pour asseoir les bases juridiques à même d’organiser la pêche, mais aussi mettre fin au braconnage clandestin du corail.
Car il est question surtout d’arrêter la saignée de ce polype particulièrement par des armateurs étrangers en complicité totale avec les nationaux. Parce qu’il faut savoir que malgré la suspension de la pêche au corail, celle-ci n’a en fait jamais cessé. En témoigne la saisie en juin dernier aux frontières tunisiennes de pas moins de 1,300 tonnes de cet animal marin qui a été acheminé par les contrebandiers d’El Tarf à dos de mulets avant de se retrouver de l’autre côté de la Méditerranée. Alors prendre des textes législatifs pour mieux contrôler la pêche du corail suffira-t-il à atténuer le trafic ? C’est la réponse que tente d’apporter le nouveau projet de loi qui a été déposé il y a quelques jours sur le bureau de l’APN.
Il est notamment question dans ce projet de texte de l’interdiction de l’exportation du corail à l’état brut ou semi fini. Dans ce sens, les sanctions aux différentes infractions seront durcies pour dissuader les récalcitrants. Le document émanant du département de Sid Ahmed Ferroukhi traite également des personnes habilitées à exercer le métier de marin pêcheur ou plutôt du corailleur et des concessions de zones de pêche qui sont délivrée par l’administration domaniale moyennant une redevance qui sera déterminée par la loi de Finances.
Nous sommes loin du décret exécutif que voulait faire passer le ministre du secteur devant le gouvernement qui disposait que les concessions de zones de pêche allaient se faire par adjudications, c’est-à-dire aux enchères. Ce qui a provoqué la colère des professionnels qui ont vu dans ce texte l’exclusion des véritables professionnels et l’émergence des détenteurs de capitaux étrangers à ce métier d’artisan.
Le projet de loi modifiant celle de 2001 prévoit le renforcement du dispositif de surveillance et de suivi à distance des activités des navires corailleurs. C’est ce qu’on appelle la balise de géo-localisation. Le texte a introduit des mécanismes qui permettront l’identification des pratiques de pêche illicites, comme le recours aux substances toxiques et dangereuses ainsi que les explosifs, mais aussi le renforcement des moyens de lutte à même de faciliter la saisie des navires et des engins de pêche en situation d’infraction, le retrait du fascicule de navigation maritime et la radiation de la matricule des gens de mer.
Faouzia Ababsa