Bien que consacré par la révision constitutionnelle de 2008, l’élargissement de la représentation de la femme au sein des assemblées élues, entériné par le conseil des ministres du mois de septembre qui «exige» désormais un quota de 30% pour toutes les listes électorales, le projet de loi organique fixant les modalités d’élargissement de la représentation des femmes dans les assemblées élues suscite un large débat.
Entre une réalité du terrain où le conservatisme est toujours de rigueur et une «volonté politique» pour le moins «populiste», rien n’est encore tranché.
C’est aujourd’hui que l’Assemblée populaire nationale (APN) examinera et débattra le projet de loi organique fixant les modalités d’élargissement de la représentation des femmes dans les assemblées élues. Ce nouveau texte qui, il n’y a pas si longtemps, serait passé «inaperçu», suscite aujourd’hui moult interrogations et soulève des critiques de la part de la classe politique, notamment à propos de la disposition qui stipule que chaque liste de candidats doit comporter 30% de femmes sous peine d’être rejetée.
Le FLN qui parle de «discrimination positive et constructive», allusion faite à la Constitution (art 29), sait pourtant que dans une société comme la nôtre, au-delà du fait que les femmes sont loin de s’intéresser à la chose politique, le poids des traditions fait aussi qu’il est impossible pour toute formation d’honorer un tel quota. Il s’est alors empressé à travers la commission juridique, administrative et des libertés de réduire le taux à 20%, en attendant d’autres propositions d’amendement.
Le RND qui soutient «sans réserves» les réformes du président considère simplement à ce propos que c’est «une première étape qui permettra aux femmes d’être présentes dans les assemblées élues, au même titre que les hommes».
Dans le camp de l’opposition, on qualifie ce texte de «discriminatoire», voire d’«anticonstitutionnel», alors que dans le camp islamiste, c’est le poids de la tradition qui est invoqué pour motiver le rejet d’un texte, lequel en fin de compte n’arrange personne. Louisa Hanoune considère que le texte qui «ne traite de la question que de façon superficielle» est «discriminatoire», il fallait d’abord «amender le code de la famille», estime le PT.
Le FNA quant à lui parle d’un texte «anticonstitutionnel», citant l’article 29 de la Constitution qui interdit toute discrimination entre les sexes. C’est «une ingérence de l’administration dans les activités internes des partis», soutient Moussa Touati.
Fidèle à ses positions, le FFS estime qu’adopter dans un contexte actuel le système des quotas ne vise qu’à «fausser le débat» et soigner l’image du pouvoir à l’étranger. Le MSP qui est pourtant membre de l’Alliance présidentielle table sur l’échec du projet une fois confronté à la réalité et posera des problèmes «dans au moins 30 wilayas».
Le «saut quantitatif» proposé par le texte est «exagéré» et «n’est pas pratique», estime Bouguerra Soltani. «Passer de 7% de représentation actuelle (des femmes) à 30% est une décision qui ne prend pas en compte le niveau culturel et les mentalités de la société», a-t-il jugé. L’on rappellera dans ce contexte que dans «la société civile», des voix s’élèvent déjà contre le projet.
C’est le cas des «notables» de Ghardaïa. D’autres partis comme Ennahda soutiennent dans ce sillage que le projet «ne convient pas dans plusieurs régions du pays» où «des traditions ancrées n’admettent pas que la femme fasse de la politique».
Les débats qui auront lieu aujourd’hui nous permettront à coup sûr d’en savoir plus sur «l’intention» des partis et leur volonté de faire pour que ce saut «quantitatif», cette «première étape», soient réellement concrétisés, eux qui, faut-il le dire, n’ont jamais rien fait pour que la femme intègre de manière convaincante le champ politique.
Par Saïd Mekla