Projet de loi organique relative à l’information: Des députés jettent l’anathème sur les journalistes

Projet de loi organique relative à l’information: Des députés jettent l’anathème sur les journalistes
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Certains députés semblent allergiques aux journalistes et à l’information. Parmi eux, il y a ceux qui ont eu des commentaires virulents à leur égard, les désignant comme étant à l’origine des maux de la société.

Lors des débats autour du projet de loi organique sur l’information, avant-hier, mardi, à l’APN, Idris Fadheli, député FLN d’Alger, la formation majoritaire au sein de l’hémicycle, a désigné les journalistes comme étant la principale cause de l’abstention, lors des précédentes élections. Il a estimé que certains articles de presse ont contribué, d’une manière directe, aux taux d’abstention des électeurs dans les différents scrutins, en ayant une influence sur l’opinion publique.

Cet élu du peuple, au lieu de chercher les causes de l’abstention, qui se trouvent, forcément et logiquement, ailleurs, y compris dans l’incapacité de l’Assemblée dont il est membre, et à être à l’écoute des citoyens, déverse sa haine sur les journalistes qui, malgré toutes les embûches, continuent à exercer leur métier avec abnégation, pour le seul but d’informer le citoyen.

Avec de tels propos, le député du FLN a souillé la mémoire des dizaines de journalistes assassinés par les terroristes. Cet élu du peuple semble, avec ses déclarations, minimiser le lourd tribut que la corporation a payé pour que l’Algérie reste debout, cette Algérie qui lui permet de s’exprimer, aujourd’hui, en toute liberté.

Au lieu de faire le procès des journalistes, il serait judicieux pour ce député de faire son autocritique, à travers un bilan objectif de ses activités au sein de l’APN. Si le FLN, la formation politique dont il est issu, est déchirée, la faute n’est pas aux journalistes. Les luttes intestines et de leadership au sein du FLN – un parti politique majoritaire au sein de toutes les institutions élues -, ne stimulent guère l’acte de vote. Ses pratiques, au contraire, ne font qu’éloigner l’électeur du bureau de vote.

Avec de tels propos, le député du FLN a raté une occasion pour apporter sa pierre dans la construction de l’édifice du métier de journaliste et faire entendre au ministre de la Communication, Nacer Mehal, qui écoutait les interventions des députés, formuler leur propositions d’amendement sur la loi organique, relative à l’information. Pour sa part, un député de la formation islamiste d’Ennahda n’a pas trouvé mieux que d’appeler à la suppression du projet de loi sur l’information et la dissolution du ministère de la Communication.

Avec de telles déclarations, M’hamed Hadibi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, ignore totalement le rôle de l’information dans la gestion des affaires publiques. Appeler à la dissolution d’un ministère en charge de la gestion de la Communication, dans un État, est politiquement insensé et irresponsable. Ignorer le rôle de l’information à l’ère de la généralisation de l’Internet, c’est gérer dans l’opacité.

Ces propos trahissent leurs auteurs et reflètent toute la haine qu’ils portent pour la corporation journalistique. M’hamed Hadibi et un autre député d’une autre formation islamiste, El-Islah, sont allés jusqu’à perturber le ministre de la Communication dans son intervention, en l’appelant à cesser d’utiliser la langue de Molière dans ses réponses aux députés.

Les «assauts» répétés des deux députés islamistes ont provoqué l’intervention du président de l’APN, Abdelaziz Ziari, qui les a menacés de recourir à l’application de la loi pour les amener à respecter le ministre de la République qui répondait aux questions des députés.

En guise de réponse aux deux députés islamistes au sujet de l’utilisation, de temps à autre, de la langue française, Nacer Mehal a tenu à dire ceci : «Ne vous inquiétez pas, je maîtrise quatre langues, l’arabe y compris». Et d’ajoute : «Sachez que je fais partie de la génération que la France coloniale avait privée de l’apprentissage de la langue arabe.» À noter que le comportement des députés d’El-Islah et d’Ennahda ont suscité l’indignation de plusieurs députés d’autres formations politiques.

Hacène Nait Amara