Le petit zapping d’après le «ftour» se résume à quelques petits feuilletons humoristiques
Alors qu’il n’est que 22h00, les téléspectateurs se retrouvent malgré eux en train de chercher un programme potable pour meubler la soirée et inconsciemment ils bifurquent sur les chaînes étrangères, l’intermède télévisuel de Ramadhan vient de s’achever.
Mis à part les programmes diffusés durant la première heure après le «ftour», nos petits écrans lassent et n’attirent pas beaucoup de monde. Pour la deuxième semaine du mois de Ramadhan, et après de nombreuses promesses de riches programmes de divertissement et de séries, il s’avère que la grille des programmes ne propose pas autant de diversité. Le petit zapping d’après le «ftour» se résume à quelques petits feuilletons humoristiques qui ont le mérite de maintenir le téléspectateur devant son écran l’espace d’une trentaine de minutes durant lesquelles le téléspectateur a de quoi se mêler les pieds devant la multitude et la diffusion presque simultanée des programmes. «On est obligé de faire notre choix dès le début du mois de Ramadhan et ne plus changer pour pouvoir suivre. On peut être intéressé par un autre programme, mais ce n’est pas intéressant de s’amuser à zapper, on finit par ne rien voir», nous dira Redhouane.
Cette pauvreté et cette restriction des programmes atteint également les plus jeunes qui, souvent, ne partagent pas les mêmes goûts que leurs aînés et s’empressent après le «ftour» de prendre le monopole de la télécommande pour imposer aux parents leurs programmes préférés. Après les fameuses séries qui arrivent juste après el adhan, ce sont les fameuses caméras cachées qui prennent le relais. Elles sont censées apporter un peu de légèreté et d’évasion pour égayer le début de soirée des Algériens. A ce titre et vu la médiocrité des programmes qui suivront, les caméras cachées ont pris une place considérable chez les téléspectateurs, elles sont le rendez-vous de la soirée. Cette année, elles font l’objet d’une forte polémique et d’avertissements de la part du ministère de la Communication. Ce dernier reproche la présence de certains concepts qui verseraient dans la violence, ou dans le «politiquement incorrect». Il faut dire qu’on est loin des petits canulars innocents du fameux Hadj Rahim, ou des incroyables prestations de Mourad Khan, qui même si elles se basaient sur l’émotion et la peur, ne présentaient aucun aspect de violence, «il y a de quoi provoquer des crises cardiaques, se retrouver agressé par des terroristes ou des zombies, ce n’est pas la même chose que de calmer un hystérique.
Personnellement, je suis contre, on ne peut pas rire de tout, est-ce que ces gens ont pensé aux familles des victimes du terrorisme?» nous dira un père de famille. Alors qu’il n’est que 22h00, les téléspectateurs se retrouvent malgré eux en train de chercher un programme potable pour meubler la soirée et inconsciemment, ils bifurquent sur les chaînes étrangères, l’intermède télévisuel du Ramadhan vient de s’achever. Et pour preuve, cette première quinzaine, on a même vu défiler sur une nouvelle chaîne privée, l’illustre feuilleton Racines, vieux de plus de 25 ans. Ceci étant, force est de constater que la chaîne publique Canal Algérie réussit à sortir du lot, en proposant des programmes assez valables, pour accrocher le téléspectateur durant la majeure partie de la soirée.
Pour le reste, du moins pour ceux qui avaient espéré cette année, passer d’agréables soirées ramadhanesques en face du petit écran, se retrouvent plusieurs fois durant la soirée, en train d’avaler à coups de grosses cuillerées, des spots publicitaires interminables. Il en va pour toutes sortes de produits et prestations. Mais le plus marquant, c’est sans conteste l’aspect du «déjà-vu» des concepts utilisés. Il est vrai que sur ce plan, la responsabilité incombe aux sociétés de communication qui conçoivent ces spots. Mais il n’en demeure pas moins que l’exigence de la chaîne devrait également peser fortement dans la prise de décision. Il s’agit effectivement d’idées très vieilles, qui font surface sans complexe.
D’un autre côté, pour certains téléspectateurs, ces réclames publicitaires semblent tomber dans la confusion, «c’est déroutant, on met parfois beaucoup de temps à deviner le produit, et pour certains produits, il y a une absence cruelle de cohérence et de logique», nous dit Farid.
Par ailleurs, certains observateurs pensent, qu’il est normal qu’il y ait de grandes attentes cathodiques, de la part des Algériens. Du fait que les familles algériennes n’envisagent pas de sortir les premiers jours de ce mois et ce, pour prendre le temps de s’acclimater. Ces attentes vont peu à peu se dissiper, sous l’effet d’une dynamique et d’une vivacité propres à la deuxième moitié du mois sacré, celle-ci étant réservée aux soirées de galas, et aux sorties pour les achats de l’Aïd El Fitr. Ceci étant, cette heure d’antenne de divertissement après le «ftour», semblerait peut-être suffisante pour le reste de ce mois, mais ne saurait expliquer ce manquement et ces rendez-vous ratés qui accompagnent chaque année la période de Ramadhan.