Le président américain Barack Obama, qui cherchait à minimiser l’atteinte à la vie privée représentée par l’espionnage effectué par le FBI et la NSA à l’encontre d’utilisateurs de géants mondiaux d’Internet (Facebook, Google, Youtube…), s’est vraisemblablement enfoncé davantage vis-à-vis de la communauté nationale américaine et internationale.
Un document classé top secret contredit les assurances de Barack Obama sur la surveillance. Selon un ordre signé par l’Attorney General, la NSA peut intercepter et consulter des données domestiques sans passer par un juge, est-il rapporté, en effet.
Personne n’écoute vos conversations téléphoniques ou ne lit vos emails sans l’autorisation d’un juge, a juré à plusieurs reprises Barack Obama à ses concitoyens, est-il rappelé.
Le président américain réagissait aux révélations faites sur l’existence d’un programme d’espionnage ciblant les utilisateurs de géants mondiaux d’Internet, dont Facebook, Google et Youtube.
Selon deux documents top secrets, publiés par le Guardian, la NSA a bien le droit et la capacité d’exploiter des données domestiques sans le feu vert direct de la justice, contrairement aux assurances de Barack Obama.
Le quotidien britannique, à qui l’analyste Edward Snowden a fourni de nombreux documents de la NSA, publie deux ordonnances signées en 2009 par l’Attorney General (à la tête du département de la Justice) Eric Holder.
C’est ce qu’a rapporté, hier, l’AFP, ajoutant que «les documents couvrent les procédures que doit suivre la NSA pour surveiller des personnes basées à l’étranger. Et si espionner des citoyens américains sans mandat validé par un juge est interdit, plusieurs exceptions permettent de passer outre».
La NSA (l’un des services de renseignements américains) peut conserver et exploiter, pendant cinq ans, des données domestiques «interceptées par erreur», à condition que le directeur de l’agence pense «raisonnablement» qu’elles permettent de prévenir un danger.
«Ils peuvent espionner tout le monde, y compris le président»
Dans son interview au Guardian, Snowden expliquait que dans la pratique, certains analystes pouvaient «espionner qui ils voulaient, y compris le président».
Selon le document, cette exception existe «à cause de l’incapacité de la NSA à filtrer toutes les communications».
En clair, l’agence ratisse large, ne peut pas tout analyser en temps réel et peut, après coup, exploiter des données domestiques prises dans la nasse, explique l’agence France presse.
Il y a encore trois jours, un élu a pourtant posé cette question au directeur de l’agence : «La NSA peut-elle lire les emails de citoyens américains?» Réponse concise de Keith Alexander : «Non», rappelle encore l’AFP.
Une autre révélation est faite, cette fois, sur l’utilisation par le FBI de drones équipés de caméras sur le sol américain. Robert Mueller, le directeur du FBI, l’a confirmé ce mercredi lors d’une audition devant une commission du Sénat.
«Le FBI utilise-t-il des drones de surveillance sur le sol américain ?», lui a demandé le républicain Chuck Grassley, membre de la commission Justice du Sénat.
«Oui», a simplement répondu le patron du FBI, qui s’est empressé d’ajouter que cela se faisait «très rarement» et «de manière très limitée».
Il n’y a pas que le FBI qui a recours à ce genre d’engin. Le département de sécurité intérieure s’en sert aussi pour surveiller, par exemple, la frontière avec le Mexique, est-il noté.
«Ces engins sans pilotes peuvent servir à pister des individus considérés comme suspects. Ils peuvent aussi intercepter des messages transmis via les réseaux wifi», a-t-il été rapporté.
Cette révélation s’ajoute aux celles récentes sur le programme secret de surveillance des communications sur internet. Mardi, Dianne Feinstein la présidente de la commission du renseignement au Sénat avait évoqué cette question de l’utilisation des drones. Selon elle, il s’agit de «la plus grande menace sur la vie privée» des Américains.
M. A.