Programme d’investissement public «massif» en Algérie,Les mises en garde du FMI

Programme d’investissement public «massif» en Algérie,Les mises en garde du FMI

Le programme d’investissement public 2010/2014 est de 286 mds USD dont 46% iront au parachèvement des anciens projets.

Dans un contexte de ralentissement économique mondial, la loi de finances 2012 maintient son programme d’investissement public «massif». Dans les prévisions de ladite loi, les dépenses se situeront à près de 7500 milliards de dinars alors que les recettes atteindront 3456 milliards de dinars, soit un déficit de 4000 milliards de dinars. Dans ce contexte, le FMI a appelé l’Algérie, dans un rapport publié avant-hier, à modérer ses dépenses publiques dont la progression pourrait selon lui amener de l’inflation et fragiliser les comptes publics.

«L’expansion substantielle des dépenses publiques, si elle n’est pas modérée, pourrait entraîner de fortes pressions inflationnistes et une appréciation du taux de change réel», a souligné le Fonds dans son rapport annuel sur l’économie algérienne.

Les dépenses d’investissement doivent quant à elles baisser. Le programme d’investissement public 2010/2014 est de 286 milliards de dollars dont 46%, soit l’équivalant de 130 milliards de dollars affectés pour le parachèvement des grands projets déjà entamés entre 2004/2009, et l’engagement de nouveaux projets pour un montant de près de 156 milliards de dollars. Il faut noter que le déficit budgétaire s’est creusé pour les années 2011 et 2012. Pour 2011, il(le deficit…Ndlr) a été de 4693 milliards DA (environ 63 milliards de dollars au cours de l’époque), soit 33,9% du PIB. Sur la base d’un taux de change de 75 dinars le dollar, retenu par le projet de loi de finances 2012, le déficit sera de 54 milliards de dollars, environ 25% du PIB.

Le léger recul enregistré s’explique, selon les experts économiques, par le fait que «le budget de l’équipement a connu une baisse de 32% par rapport à 2011 pour se situer à près de 2700 milliards de dinars. Singulièrement, l’augmentation de 8% du budget de fonctionnement dont les salaires de la Fonction publique, dépasse les 4600 milliards de dinars, soit plus de 100% par rapport à 2008.

De fortes hausses des salaires réels et d’autres prestations ne se sont pas encore traduites en accroissement de l’inflation, mais les autorités devraient envisager de resserrer la politique monétaire prochainement pour contenir les pressions inflationnistes», a expliqué le rapport du FMI. Quant à une appréciation du dinar algérien, «elle saperait la compétitivité et la diversification de l’économie», selon le FMI. «Une expansion des dépenses pourrait aussi compromettre la viabilité à moyen terme et réduire la marge de manoeuvre budgétaire nécessaire pour mettre en oeuvre des politiques qui soutiennent la diversification économique», a ajouté l’institution dont le siège est situé à Washington. A titre de rappel, la dépense publique est passée successivement de 55 milliards de dollars en 2004, à 100 milliards de dollars en 2005 puis à 140 milliards de dollars fin 2006 et qui a été clôturée entre 2004/2009 à 200 milliards de dollars. Cependant, «faute de bilan, on ne sait pas si l’intégralité de ce montant a été dépensé», soulignent les mêmes experts.

Le FMI table sur un déficit budgétaire de 6% du produit intérieur brut en 2012, après 4% en 2011, creusé par un bond de 50% des dépenses courantes pour financer une hausse des salaires des fonctionnaires et «la mise en oeuvre de diverses mesures pour soutenir l’emploi et les PME et abaisser les prix de l’alimentation». «Les autorités doivent s’assurer que les dépenses publiques soient de bonne qualité et efficaces, et qu’elles bénéficient à la population de manière équitable», a souligné le Fonds. Mais, il faut savoir que depuis quelques années les lois de finances algériennes s’établissent pour un cours moyen de 37 dollars le baril de pétrole, la différence étant versée au Fonds de régulation des recettes. Ce Fonds de régulation des recettes géré par le Trésor, est passé à 4280 milliards de DA fin décembre 2008, à 4316 milliards de dinars fin décembre 2009 et 4 842 milliards de dollars le premier trimestre 2011, soit 54,5 milliards de dollars.