Programme de réalisation d’un million de logements : Les architectes refusent leur mise à l’écart

Programme de réalisation d’un million de logements : Les architectes refusent leur mise à l’écart

Les pouvoirs publics ont décidé que les entreprises de réalisation prennent en charge la phase des études.

Au niveau du Conseil national de l’Ordre des architectes algérien (Cnoa) l’on considère que le cadre bâti se porte mal du fait que quelques règles élémentaires ne sont pas respectées. Mais ce qu’on déplore le plus chez les architectes c’est que leur mission d’intérêt public est de plus en plus reléguée au second plan, «chose que notre corporation ne peut plus admettre», nous a indiqué Leïla Bouterfa membre du Cnoa que L’Expression a rencontrée sur le stand du Cnoa qui participe au 1er Salon international de l’Immobilier qui a ouvert ses portes hier au Palais des expositions des Pins maritimes et ce jusqu’au 2 décembre prochain. Toujours dans le même ordre d’idées notre interlocutrice ne s’est pas empêchée de nous faire remarquer que dans le secteur du bâtiment «on continue à chercher la quantité en lieu et place de la qualité du bâti». Mais pourquoi nous en sommes arrivés à cette situation? selon Leïla Bouterfa «pour la simple raison que le maître d’oeuvre c’est-à-dire l’architecte a été tout bonnement remplacé par l’entreprise réalisatrice des projets. Autrement dit, ce sont les entreprises réalisatrices qui se chargent de l’étude et du suivi du chantier c’est-à-dire que les entreprises de réalisation prennent en charge la phase des études.

Un procédé qui nous rend sceptiques quant à l’avenir de notre corporation». Et de poursuivre dans ce sens: «On peut comprendre que devant la demande sans cesse croissante et pressante les pouvoirs publics n’ont pas eu d’autre choix que de faire fi de quelques règles, mais de là à lancer des projets sans étude de réalisation cela revient à dire qu’on construit pour construire sans se soucier de ce qui peut arriver par la suite».

Notre interlocutrice s’insurge également sur le fait que dans certaines cités nouvellement créées les normes de construction et de sécurité ne sont pas respectées et de se poser la question: «Où était la commission de contrôle à charge d’attester de la bonne conformité des logements à livrer? C’est à croire, s’il y a supervision, que le personnel chargé du contrôle manque grandement d’expérience.»

Une carence qui d’après notre interlocutrice, résulte du fait de l’inexistence de bureaux techniques spécialisés, seuls à même de délivrer le certificat de conformité. De ce fait il devient urgent que ces structures soient créées si l’on veut que notre bâti en général ne souffre d’aucune imperfection». Toujours selon notre interlocutrice: «Certes des améliorations sont intervenues dans notre corporation, mais cela reste encore insuffisant. Nous demandons seulement à ce que nous remplissions aisément notre mission d’intérêt public.» Soulignons au passage que la corporation s’est félicitée des améliorations apportées par le décret exécutif fixant les modalités de la rémunération de la maîtrise d’oeuvre en bâtiment. Comme il est utile de savoir que les membres du Cnoa n’ont eu de cesse d’exprimer leur disponibilité à accompagner le secteur dans la concrétisation des différents programmes de logement à la faveur des facilités offertes à l’Ordre national des architectes qui constitue «une force de proposition sur tout ce qui est entrepris».

Chose qui n’a apparemment pas été suivie d’effet. Ce qui n’a pas découragé les architectes puisque à plusieurs occasions ils ont affiché leur détermination à reprendre leur rôle d’acteurs incontournables dans tout ce que les pouvoirs publics entreprennent en matière de construction et d’urbanisme. C’est pour dire que nos architectes tiennent à être associés au programme de construction d’un million de logements, comme annoncé par le gouvernement et refusent le fait que les entreprises de réalisation prennent en charge la phase des études, comme c’est le cas pour les programmes Aadl notamment.

Soulignons enfin que le Conseil de l’ordre des architectes compte organiser des journées thématiques qui, selon nos sources, seront l’occasion de soulever les nombreux problèmes auxquels fait face la corporation et par la même occasion de dénoncer les interventions multiples de divers acteurs dans cette profession.

Bouzid CHALABI