Le Ramadhan est l’occasion pour les organiateurs de spectacles et les chaînes de radio et de télévision de faire appel aux chanteurs mais certains sont souvent oubliés.
En effet, de grands maîtres de la chanson algérienne, notamment andalouse, hawzie et chaâbie, sont mis à l’écart non seulement pour le programme du mois sacré de Ramadhan mais toute l’année.
Les gestionnaires des institutions organisatrices de manifestations artistiques et les chaînes de radio et télévision ne semblent s’intéresser qu’aux jeunes alors que de grands maîtres de la chanson sont complètement oubliés. C’est le cas du dernier des grands maîtres de l’andalou, Mohamed Kheznadji, qui peut toujours monter sur scène et étonner même les spécialistes de l’andalou, en enregistrant des morceaux inconnus ou avec sa touche personnelle.
Pour rappel, Mohamed Kheznadji est l’un des rares maîtres de la musique andalouse ayant profité de deux écoles différentes.
En effet, dans les années 1940, il y avait deux grandes écoles à Alger, celle d’El Mossilia dirigée par les professeurs Mohamed et Abderrezak Fekhardji, qui ont formé notamment Sid Ahmed Serri, et l’association El Hayat, dont le professeur était Cheikh Mahieddine Lakhel qui a, notamment comme élèves Abderrahmane Belhocine, Sadek Bédjaoui et Saïd Bestandji. Il faut noter que Mahieddine Lakhel se déplaçait régulièrement à Blida où il donnait des cours, et a formé Hadj Mahfoudh et Dahmane Benachour. Donc, Kheznadji a profité à la fois de la connaissance des frères Fekhardji et celle de Mahieddine Lakhel, d’où peut-être sa finesse et son charme qu’on ne retrouve chez aucun autre chanteur. Bien qu’il y ait eu des activités réservées à l’andalou, on n’a pas eu de nouvelles de Kheznadji pour des raisons inconnues. On n’est même pas informés sur son état de santé.
Qui se souvient de Bentir ?
Pour la chanson hawzie, Cheikh Ghafour se trouve toujours à Tlemcen mais on ne sait pas aussi si on lui a fait appel ou si son état de santé lui permet de chanter encore.
Comme on l’avait déjà signalé, Cheikh Mazouz Bouadjadj, qui est parmi les plus grands maîtres de la chanson chaâbie, reste marginalisé à cause du fait qu’il a toujours vécu à Mostaganem.
Il faut savoir qu’après la disparition de Boudjemâa El Ankis et d’Amar Ezzahi, Bouadjadj est devenu le doyen et le dernier des vrais «chouyoukhs» du chaâbi.
Pour lui aussi, on se demande pourquoi il n’est pas programmé pour donner des concerts. Il ne passe pas à la télévision et il n’est pas invité dans les émissions culturelles. A notre connaissance, on ne lui a même pas rendu un hommage comme on le fait régulièrement. Côté télévision, on aimerait bien revoir des chanteurs tels que Mahieddine Bentir, au moins comme invité pour parler de sa carrière.
Il faut rappeler que Bentir, qui avait dessiné le premier logo de la RTA, chante en arabe et en français. Il avait été classé deuxième lors de l’Eurovision, en 1966, avec sa chanson Ya Lbakia.
Des artistes obligés à rester chez eux
La grande dame de la chanson algéroise, Seloua, est parmi ces artistes ayant souffert de la marginalisation. Après un petit retour où elle avait prouvé qu’elle gardait sa belle voix, elle était de nouveau obligée de se retirer. A-t-on pensé à elle pour ce Ramadhan ? D’autres grands chanteurs tels qu’Akli Yahiatène continuent d’être bannis des programmes de la télévision pour des motifs inconnus.
Certains chanteurs et chanteuses, qui gardent leur jeunesse et leur voix, ont été également poussés à rester chez eux. C’est le cas de la grande Nardjess et de Rachid Zouba, qu’on ne voit pratiquement que par le biais du Facebook.
A Alger, Constantine, Annaba, Oran et dans plusieurs villes d’Algérie, de grands chanteurs vivent retirés de la vie artistique à cause de gestionnaires qui n’aiment que le tapage.