PROFITANT DE LA CAMPAGNE ÉLECTORALE, Les vendeurs à la sauvette sont de retour

PROFITANT DE LA CAMPAGNE ÉLECTORALE, Les vendeurs à la sauvette sont de retour

A quinze jours des élections locales prévues le 29 novembre, le marché informel reprend «son droit» dans plusieurs quartiers de la capitale. Les étals sont de nouveau là et la population a repris ses «bonnes vieilles habitudes» en s’approvisionnant auprès des vendeurs à la sauvette.

Une virée dans des quartiers nous a permis de relever que la campagne «anti-informel» a été quelque peu délaissée par les pouvoirs publics, beaucoup plus occupés par les élections.

C’est comme s’il n’y a jamais eu de campagne de lutte contre les marchés informels puisque nombreux étaient les commerçants qui vendaient paisiblement leurs marchandises. A la place des Martyrs, les marchands ambulants ont repris leur business.

Les trottoirs sont de nouveau occupés où sont exposés pour la vente différents produits comme les vêtements, les parapluies, les fruits et légumes et même les œufs et les gâteaux traditionnels. L’insalubrité a refait également surface avec le retour de ces vendeurs qui laissent, en fin de journée, des amas de cartons. Sous le regard des policiers, les commerçants informels donnent l’impression qu’ils ne sont nullement inquiétés.

Les vendeurs ambulants à Bab El Oued préfèrent, pour leur part, placer leurs étals en fin de journée. La population de cette localité commence à s’y habituer puisqu’elle attend le soir pour faire ses achats.

Certains pères de famille préfèrent d’ailleurs faire leurs emplettes dans ce marché parallèle en raison des prix «raisonnables» pratiqués par les vendeurs qui échappent aux impôts. A Bachdjarah, le retour des vendeurs à la sauvette n’est pas important comparativement à la place des Martyrs.

Seuls quelques marchands de fruits et légumes ont repris leur activité, mais l’insalubrité est bien là. La campagne de nettoiement de la capitale, engagée il y a plus d’un mois, semble aussi être une opération «clin d’œil». Avec le retour des pluies, certaines rues sont devenues  impraticables. Des amas d’ordures sont entassés à côté de certains marchés, faisant fuir les passants.  Cependant, les citoyens se demandent si le retour du marché informel est juste conjoncturel à la veille des élections locales ou s’il s’agit d’une décision des pouvoirs publics de «laisser faire».

Certains citoyens évoquent la préoccupation des pouvoirs publics pris par les préparatifs des élections locales. Face à une scène politique peu animée, hormis les panneaux d’affichage des listes des candidats dont la majorité a été déchirée, les pouvoirs publics semblent tolérer le retour de ces vendeurs afin d’inciter les citoyens à aller voter, pensent des citoyens.

Selon certains jeunes qui ont érigé des étals de fortune à la place des Martyrs, l’opération d’éradication du marché informel ne concerne pas les petits vendeurs mais ceux qui détiennent des magasins et disposent de grandes quantités de marchandises.

«Je ne serai pas inquiété car je ne dérange personne», nous  a indiqué un vendeur de vestes rencontré à la place des Martyrs.

D’autres marchands estiment que les pouvoirs publics ont toléré leur retour en raison de l’absence de solutions rapides à leur situation. Les pouvoirs publics leur auraient accordé un «délai» pour pouvoir liquider leurs marchandises en stock. Mais les citoyens peuvent remarquer qu’il ne s’agit pas d’une reprise temporaire du fait que les marchandises exposées sont des vêtements d’hiver.

Les jeunes refusent d’attendre l’application du nouveau dispositif réglementaire élaboré par le ministère du Commerce en vue d’organiser les espaces commerciaux qui sera mis en œuvre à partir de janvier 2013.

Ils estiment qu’ils ne peuvent pas attendre les solutions des pouvoirs publics car ils ont besoin de subvenir à leurs besoins. Certains commerçants informels sont des pères de famille et n’ont pas de ressources alternatives. Face à cette situation, les pouvoirs publics semblent fermer l’œil pour gagner la «paix sociale» en attendant la fin des élections locales.

Karima Sebai