Professionnalisme, libérer la voie aux vrais managers

Professionnalisme, libérer la voie aux vrais managers

L’homme d’affaires Issad Rebrab se déclare disposé à voler au secours de la JSK, le club de foot le plus titré d’Algérie, sous certaines conditions. Interrogé sur sa disponibilité à venir en aide aux Canaris, qui alternent les saisons catastrophiques ces dernières années, il s’est dit «prêt à accompagner éventuellement la JSK, s’il y a des gestionnaires de qualité», a-t-il laconiquement rétorqué, en marge d’une conférence qu’il avait animé à l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Une petite phrase qui en dit long sur la conduite approximative de nos formations professionnelles du ballon rond et du sport de manière générale. En businessman averti, Rebrab exclut indirectement l’idée de mettre son argent dans une affaire qu’il sait d’avance vouée à l’échec. Le mal qui range le sport algérien, et le football en particulier, réside effectivement dans la mauvaise gestion des substantielles ressources financières allouées aux clubs qui, paradoxalement, sont présentement tous en faillite. Ces derniers jours, les dirigeants de 32 sociétaires des deux ligues professionnelles multiplient les appels aux autorités locales et aux sponsors pour renflouer leurs caisses vides. La dilapidation de la manne financière de ces formations a atteint un seuil intolérable. Les salaires astronomiques attribués à des joueurs tout juste moyens absorbent des budgets qui se chiffrent en dizaines de millions de dinars. La politique salariale de nos clubs d’élite est, pour ainsi dire, suicidaire. Des dizaines d’autres grands patrons (dans la Mitidja, à l’est, à l’ouest et au sud du pays) seraient aussi pareillement tentés de se diversifier dans le sport, mais les dirigeants actuels des clubs dits «pros» leur bloquent manifestement toutes les issues. En reprenant l’USM Alger, les frères Haddad, entrepreneurs prospères, ont montré la voie. Le club algérois domine, depuis, le championnat local et engrange des titres. On pourrait en dire autant du Paradou AC qui vient de signer son accession en Ligue 1 Mobilis. Créé en 1994 par Kheireddine Zetchi, jeune industriel et actuel président de la FAF, le PAC, qui dispose de sa propre académie de formation, a réussi des accessions successives, en fournissant des athlètes de qualité aux autres clubs. La société sportive du PAC est autosuffisante et couvre tous ses frais par ses propres moyens. Voilà un exemple de réussite à méditer. En somme, la professionnalisation véritable de notre sport constitue un objectif réalisable, pourvu que la voie soit libérée devant les vrais managers et les entrepreneurs qui ont des projets sérieux et viables. Il suffit que l’Etat (ministère, DJS, wilayas et collectivités locales) cesse d’injecter les derniers publics dans ces gouffres financiers pour changer la donne et isoler les loosers. Les aides et les subventions publiques revenant de droit au sport de masse (scolaire, universitaire, amateur). C’est aussi simple que cela.