Pas de répit pour le ministre de la Communication
«L’autre étape sera l’élection du conseil d’éthique et de déontologie», «ceci est afin de lutter contre l’injure et la diffamation», soulignera Hamid Grine.
C’est à partir de la capitale de l’Ouest, Oran, que l’annonce a été faite. Le ministre de la Communication, Hamid Grine, est, dans le cadre de la professionnalisation de la presse, plus que décidé à se lancer dans plusieurs chantiers prioritairement urgents.
Cette fois, il ouvre un front de bataille portant essentiellement sur la situation socioprofessionnelle des journalistes, situation qui a, dans plusieurs quotidiens nationaux et régionaux, dépassé tous les seuils de l’entendement.
L’annonce a été faite dimanche en fin de journée par le ministre de la Communication qui présidait le Forum des citoyens du groupe de presse Ouest Tribune. Il dira en ce sens que «des inspecteurs du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale se rendront aux sièges des journaux pour s’enquérir de la situation des journalistes, notamment en ce qui concerne leurs contrats de travail et leur couverture sociale». Pour le ministre, le chantier dont les premiers jalons, devant aboutir à la défense des hommes et femmes des médias, ont été déjà mis en place. Là encore, il a déclaré: «Récemment, j’ai discuté avec le ministre du Travail, Mohamed El Ghazi, et nous avons convenu d’envoyer des inspecteurs de son ministère à tous les journaux pour connaître avec exactitude la situation dans laquelle exercent les journalistes tant sur le plan des contrats de travail que celui de la couverture sociale des journalistes.»
Vers la régulation de la presse écrite
Les membres de ladite commission risquent d’être stupéfaits dans leurs investigations, tant que la situation des journalistes n’est pas reluisante. Un autre chantier sera ouvert au cours de l’année en cours. Ce projet, tel qu’expliqué par Hamid Grine, sera consacré aux élections des membres de l’Autorité de régulation de la presse écrite. «Le vote aura lieu en juin ou juillet 2015», a annoncé le ministre ajoutant qu’ «il y a actuellement environ 3500 journalistes de la presse écrite en Algérie, 2400 d’entre eux sont identifiés et ont reçu leurs cartes de presse». Sur sa lancée, il a expliqué que «les élections des journalistes devant faire partie de l’Autorité de régulation de la presse auront lieu en juin ou en juillet, c’est-à-dire lorsque le nombre des journalistes identifiés passera à 3000». Le chantier en question, dès sa concrétisation, sera suivi par un autre. Le projet, ajoute le ministre, porte sur la ré -édification de l’instance suprême, guidant les journalistes en balisant leur profession par des garde-fous à la fois probes et probants.
Le ministre a été annonciateur, en mettant en garde dans ses propos, déclarant que «l’autre étape sera l’élection du conseil d’éthique et de déontologie». Il explique en soulignant que «ceci est afin de lutter contre l’injure et la diffamation». Le Forum des citoyens a servi pour le ministre de tribune pour revenir sur le plan d’action qu’il a élaboré en vue de passer à la phase cruciale, la professionnalisation de la presse.
Hamid Grine a souligné dans ce chapitre que son travail a été facilité par le message du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, adressé à la presse, le 3 mai dernier. «Son message parlait de réformes rapides et sans délais», a-t-il expliqué ajoutant qu’«il (Bouteflika) a insisté sur l’installation de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel et l’urgence d’installer d’autres organes, notamment l’Autorité de régulation de la presse écrite et le conseil d’éthique et de déontologie». Le lectorat algérien peut se réjouir de la richesse des titres de la presse écrite arrêtée au nombre de 155 journaux et 400 magazines édités en Algérie. Le ministre a annoncé que «l’étude sur la création de la société des messageries de presse est fin prête. Il ne reste qu’à valider cette étude», a-t-il souligné.
La radiodiffusion est une question de souveraineté nationale
La radio n’était pas en reste du discours du ministre qui a évoqué les autres volets de ce plan d’action, tout en soulignant la nécessité de mettre en place une stratégie pour corriger les points noirs du secteur. Pour le ministre, les exemples des insuffisances à retaper ne manquent pas.
Il dira que «le 15 mai dernier à Béchar, j’ai été surpris de constater que les radios étrangères sont captées plus facilement que la radio de la Saoura». «C’est une question de souveraineté nationale», a-t-il affirmé, ajoutant que «nous avons donc développé une stratégie pour éliminer tous ces points noirs».
«Le délai est fixé pour la fin 2016», a-t-il relevé, tout en annonçant, d’ici la fin 2017, une couverture radio intégrale du territoire national, grâce à un nouveau système, le RDS, qui permettra, lors d’un long voyage par exemple, de ne pas perdre les chaînes choisies.» Ayant visité 34 wilayas depuis sa prise de fonction en tant que ministre de la Communication, Hamid Grine fera le bilan à partir d’Oran. Hamid Grine dira qu’«il y a des choses à revoir, des choses à régler et à stimuler».
Et d’ajouter, en soulignant qu’«il faut corriger ce qui ne va pas». «Nous voulons, entre autres, avoir une chaîne radio dans chaque wilaya», a-t-il relevé. Les chaînes de télévision ont été au menu du débat ayant réuni les journalistes d’Oran avec le ministre.
En ce sens, il a indiqué que «celles-ci sont toutes de droit étranger, il n’y a que cinq chaînes disposant de bureaux accrédités en Algérie». Hamid Grine reviendra, en déclarant qu’«il y a une diversité, mais beaucoup reste à faire sur le plan de la déontologie».
«Nous professionnaliserons la presse»
En visite à Oran, Hamid Grine, interrogé sur les critiques et la position de l’ambassadeur de France, a été aussi bien ingénieux que diplomatique dans sa réponse en rappelant que l’Algérie a «d’excellentes relations avec la France». Cette diplomatie a été sur le champ suivie par un autre rappel par le biais duquel le ministre n’a pas mâché ses mots en soulignant que «nous avons des principes éthiques et déontologiques qui nous imposent de lutter contre toute forme de diffamation, d’injures et d’insultes d’où qu’elles viennent».
«Nous continuerons notre projet de professionnalisation de la presse comme l’a demandé le président de la République jusqu’à son aboutissement», a-t-il conclu. Ce bloc de déclarations vient en réponse à la correspondance adressée au Quai d’Orsay par l’ambassadeur de France à Alger dans laquelle Hamid Grine, ministre de la Communication, a été accusé de chercher à censurer deux journaux (El Watan et El Khabar). Cette information a été rapportée, dimanche dernier par le journal Ennahar qui ajoute que «le diplomate français a suggéré d’éviter toute coopération avec le ministère de la Communication».