Produits suspendus à l’importation: De lourdes conséquences

Produits suspendus à l’importation: De lourdes conséquences

L’établissement par les pouvoirs publics d’une nouvelle liste plus élargie de produits interdits d’importation aura des répercussions considérables sur l’économie nationale, mais aussi sur celle des pays fournisseurs.

 

En effet, cette décision qui concerne plusieurs produits fabriqués localement résulte d’une réelle volonté du gouvernement de mettre un terme à l’anarchie observée depuis de longues années dans le secteur du commerce extérieur. Une mesure qui tend, non seulement à préserver les réserves de change qui ont chuté de plus de moitié et ont atteint les 108 milliards USD récemment, mais permettra de libérer plus d’espaces au niveau des ports commerciaux algériens, des guichets bancaires et aussi au niveau des instances des Douanes algériennes, souvent débordés par les flux de marchandises importées à longueur d’année de plusieurs pays. Les opérateurs économiques locaux peuvent saisir cette occasion pour promouvoir leurs produits et s’inscrire dans la substitution à l’importation et pourquoi pas envisager l’exportation des excédents. Réduire de 30% la facture de l’importation est devenue la priorité du plan d’action du gouvernement. A cet effet, le directeur du commerce extérieur, Abderrahmane Benhazil, de passage hier dans une émission de chaine de télévision algérienne, a indiqué qu’en six mois, l’Algérie a importé plus de 30 millions USD de jus dérivés de fruits confis et plus de 1 milliard de dollars de produits déjà fabriqués localement. Au cours du premier semestre, 170 millions de dollars ont été déboursés pour l’importation des produits en plastique, 444 millions USD pour les transformateurs électriques et 496 millions de dollars pour la céramique, selon les chiffres du département du commerce. Il faut savoir que la liste en question regroupe des produits alimentaires, agricoles et industriels. Il s’agit entre autres de préparation pour soupes, potages ou bouillons, sauces préparées (mayonnaise, tomate, ketchup et autres sauces, harissa, etc.), moutarde préparée, pain, pizza, pâtes alimentaires, fruits secs à coque et sans coques, arachides, jus de fruits, mélange de jus, eaux minérales et gazéifiées, maïs, confitures et marmelades, chocolat en tablettes non fourré, biscottes, gaufres et gaufrettes, chocolat et autres préparations alimentaires contenant du cacao, conserves. Concernant les produits industriels, neuf sont concernés par la suspension : articles de robinetterie, transformateurs électriques, marbre fini, granit fini, produits rouges (briques et tuiles), tapis, produits finis en plastique (articles plastiques), meubles et lustres. Celle-ci s’ajoute à celle concernant les produits de construction (ciment, céramique, brique rouge, tuile…) et de téléphonie mobile ainsi que d’électroménager.

Les pays concernés

Les conséquences de cette mesure seront ressenties par les importateurs et fournisseurs de l’Algérie. En premier lieu, l’Espagne, la France, l’Italie, ainsi que la Tunisie et le Maroc, mais également l’Arabie saoudite qui sont concernés d’une manière directe par cette décision des pouvoirs publics. Ces pays ont vu d’ailleurs leur volume d’exportation vers l’Algérie sensiblement baisser depuis 2016. On cite à titre d’exemple le devenir du secteur de la céramique espagnole qui classe l’Algérie comme 5e client. La menace se fait déjà sentir sur les emplois qu’entraînerait la réduction drastique des importations algériennes. Les industriels espagnols de cette activité ont d’ailleurs réagi en saisissant les responsables espagnols ainsi que le consul d’Algérie à Valence en avril dernier. Les données sur le commerce extérieur espagnol ont attesté que le marché algérien est en recul durant l’année 2016 de 5,2%. Avec la mesure du suspension des importations de véhicules neufs et de la nouvelle liste des produits, l’année 2017 sera fatale pour les espagnols. La France a, de son côté, vu son volume d’exportation d’orge vers l’Algérie baisser de 64% en 2016, alors que le système de quota imposé pour l’importation des agrumes avait mis dans la détresse toute la région de la Provence-Alpes-Côte d’Azur, puisque le débouché algérien représente plus de 40% des ventes de pommes des Alpes. Le Maroc, qui représente 11% des importations algériennes en agroalimentaire au même titre que la Tunisie sera touché par les nouvelles mesures de régulation des importations et assistera impuissant à la baisse significative de son chiffre d’affaires. Les deux pays voisins exportent de nombreux produits alimentaires vers l’Algérie, notamment les sauces, la tomate en conserve, les jus de fruits confits, huiles d’olive, eau minérale …

Cela ne va pas préoccuper le gouvernement algérien. Sous la contrainte de l’insolvabilité sous l’effet de la grave crise financière, le gouvernement a décidé de revoir sa politique économique afin de préserver son pouvoir d’achat à l’international en fixant des priorités en matière d’importations à effectuer.