Produits pyrotechniques : Un business «explosif»

Produits pyrotechniques : Un business «explosif»

A quelques jours de la célébration du Mawlid Ennabaoui, le bruit assourdissant des pétards rappelle, comme chaque année, que la vente des produits pyrotechniques est toujours florissante malgré son interdiction.

Tout long de la rue Abderrahmane Arbadji et du marché Amar El-Kama dans la Basse Casbah, jeunes et moins jeunes ont dressé leurs étals remplis de fusées à 700 DA la pièce, de roses (el-warda), d’aquariums, de double bombe, de feux de Bengale, bref tout ce qui est censé donné le tournis aux petits et moins petits.

Mais pour le moment, «il n’y a pas le grand rush», témoigne ce jeune vendeur. Et si certains hésitent, la photo de Zineddine Zidane sur une boite de pétards est supposée les inciter à l’achat. Hormis les cierges qui proviennent de France, 99% des produits pyrotechniques sont importés de Chine. Illégalement bien sûr. Pourtant, au niveau du ministère du Commerce, un responsable est formel : «La loi est appliquée dans toute sa rigueur. Que ce soit aux ports, aéroports ou aux frontières, l’entrée des produits pyrotechniques est prohibée», a-t-il ajouté. Et si les marchés populaires en regorgent, «c’est un vieux stock».

Pourquoi vendre ces produits alors qu’ils sont prohibés, avons-nous demandé à un jeune? «C’est la loi du marché», répond-il. «Tant qu’il y a des acheteurs, il y aura automatiquement des revendeurs», a-t-il ajouté. En dépit de cela, les services de la gendarmerie et de la police annoncent des saisies record. Des containers entiers entrent par les frontières terrestres et maritimes. Selon les statistiques de la douane de 2010, les saisies à l’échelle nationale ont été estimées à 11,650 milles unités représentant une valeur de 73 millions de dinars. La plus grosse prise a été effectuée au port d’Alger, suivie de Constantine et de Tlemcen. Les éléments de la gendarmerie nationale ont, eux également, procédé aux saisies. Entre le 18 décembre 2010 et le 25 janvier 2011, pas moins de 166.030 pétards ont été confisqués. La plus grosse prise a été effectuée au niveau des frontières Est par les gendarmes de la brigade de Chatt, dans la wilaya d’El-Tarf.

Les parents, eux, sont entre le marteau et l’enclume. Ils ne savent pas s’ils doivent faire plaisir aux enfants ou s’abstenir d’en acheter. «Pourtant, il faut bien marquer l’événement religieux avec un bon repas et des pétards», dira ce père rencontré au marché Ahmed Bouzrina. Cette autre mère de famille ne conçoit pas la célébration du Mawlid Ennabaoui sans l’explosion de quelques pétards.

Mais vigilante comme elle l’est, elle veille à ce qu’un adulte supervise ses enfants lors des explosions. Un autre père de famille soutient que l’Etat doit intervenir pour arrêter ce commerce illicite et dangereux, aussi bien pour les enfants que pour les adultes qui achètent pour faire plaisir aux enfants. La mère de la petite Nesrine a décidé cette année de ne pas se plier aux caprices de sa petite. Et pour cause, celle-ci s’est brûlée la main au deuxième degré en manipulant un petit pistolet à l’intérieur duquel se trouvait un rouleau de petits pétards.

Chaque année, la protection civile est sur le qui-vive à la veille du Mawlid Ennabaoui. Des dizaines de personnes sont victimes de brûlures et de blessures plus moins graves. L’année passée, un mort a été enregistré et 17 personnes brûlées dans un incendie qui a été provoqué par un pétard à Ghardaïa.