Produits pyrotechniques: La faillite de la prohibition

Produits pyrotechniques: La faillite de la prohibition

Si on les voit le plus à l’approche du Mouloud, célébration de la naissance du prophète, les produits pyrotechniques sont commercialisés à longueur d’année et ne manquent ni aux stades de football ni aux fêtes de mariage.  Et ce, malgré leur prohibition…

Au cours des quatre dernières semaines, la Gendarmerie  nationale a remis aux recettes des Douanes algériennes près de 420 000 articles pyrotechniques selon un décompte fait sur la base des communiqués diffusés par ce corps de sécurité.

La gendarmerie a également présenté devant la justice une quinzaine de personnes pour commercialisation de ces produits qui, faut-il le rappeler, est prohibée en Algérie et passible même de prison.

En effet, rien n’a empêché ce commerce juteux de se développer et la vente de ces produits dans la rue donne l’impression qu’il est plutôt toléré et que tout le monde s’en accommode, malgré les saisies opérées par les différents services de sécurité et médiatisées à outrance. A titre indicatif, affirme une source au fait de ce trafic, un container chargé de produits pyrotechniques de différents calibres coûte environ 10 000 USD (1,2 million DZD) en Chine et génère des recettes de l’ordre de 5 millions DZD à son importateur. Le produit étant interdit en Algérie, il faudrait «acheter la route» (expression argotique qui veut dire graisser la patte aux facilitateurs, ndlr) ce qui réduit cette marge qui représente quatre fois le montant investi, mais, c’est une marge qui reste importante pour justifier le risque encouru. Au bout de la chaîne, c’est-à-dire «grossistes» et revendeurs à la sauvette, le container générerait jusqu’à 12 millions DZD, une somme que se partagent ainsi les différents maillons de la chaîne. Or, ce qu’il faut retenir de tout cela est que les quantités saisies restent dérisoires au vu de celles utilisées dans les stades, les fêtes de mariage et en cette semaine précédant le Mouloud, célébration de la naissance du prophète Mohamed, où l’on voit les pétards vendus dans les coins de rues partout à travers les villes et villages du pays. Pis encore, l’on déplore chaque année des centaines de blessés à cause de l’usage abusif de ces produits pyrotechniques.

En tout cas, les services de sécurité impliqués dans la lutte contre ce trafic n’ont jamais réussi à l’endiguer. Les enquêtes ouvertes à chaque fois qu’une personne est interpellée avec une quantité de produits pyrotechniques n’ont pu ni cerner la filière qui continue à prospérer sur tout le territoire national ni à quantifier les pétards écoulés sur le marché.

Si les communiqués de la Gendarmerie nationale se recoupent pour situer la source de ces produits à El-Eulma, dans la wilaya de Sétif, à l’est du pays – sept sur les dix saisies effectuées renvoient à cette ville des Hauts-Plateaux devenue la plaque tournante de plusieurs trafics et de commerce illicite —, les Douanes algériennes ont réussi plusieurs prises au port d’Alger. 315 000 articles sur les 420 000 saisis par la Gendarmerie nationale au cours des quatre dernières semaines l’ont d’ailleurs été à Sétif. Une goutte d’eau dans un océan où nagent beaucoup d’importateurs qui brassent plusieurs milliards de DZD à l’abri du fisc.

L. H.