Pas un jour, une semaine ou un mois où l’on ne fait référence, dans les médias, à des saisis de produits impropres à la consommation, partout à l’échelle nationale, et particulièrement à Oran où rien que pour ce début de l’année 2010, on avance le chiffre de quatre tonnes que les services du Commerce auraient relevé.
D’ailleurs, toujours selon la direction régionale du Commerce, il a été également procédé à la saisie d’une douzaine de tonnes de produits avariés dans cinq wilayas de l’Ouest. Concernant les personnes directement liées à la consommation de ces produits, ou après leur usage dans l’industrie agro-alimentaire, à savoir les intoxiquées, leur nombre aurait atteint, depuis le mois de janvier, plusieurs centaines, uniquement à l’échelle de la wilaya d’Oran.
Des commerçants et autres importateurs sans scrupule et très peu soucieux de la qualité de la marchandise qu’ils écoulent aux citoyens, ou qu’ils négocient chez des fournisseurs étrangers, continuent de sévir au nez et à la barbe des services de contrôle, qui, en dépit de la multiplication des inspections, relèvent pratiquement au quotidien plusieurs irrégularités ayant trait, directement ou indirectement, à la mauvaise qualité de la marchandise mise en vente.
Ce sont principalement des denrées agroalimentaires impropres à la consommation et, par conséquent, engendrant un risque certain d’intoxication alimentaire. Au bout de la chaîne, on retrouve les pâtisseries, les boucheries, les fast-foods, les boulangeries, les restaurants, les cafés et les commerces de l’agroalimentaire.
On se souvient également de l’affaire dite des 25.000 tonnes de blé impropre à la consommation, en provenance de France et qui avaient été commercialisées, dès leur arrivage, à partir du port d’Oran. D’après l’enquête diligentée, cette histoire venait de mettre à nue la banalisation dans laquelle s’effectuaient les procédures de contrôle des produits importés, notamment les produits de large consommation.
La fraude existe à tous les niveaux, comme c’est le cas dans les marchés de la ville ou à M’dina J’dida, où des produits avariés et impropres à la consommation, du fait de leurs origines douteuses ou de leurs dates de péremption largement dépassées, continuent d’être commercialisés.
On remarque souvent que certaines boissons, dites jus de fruits, ne portent aucune inscription concernant la composition ou le fabricant. Ce sont généralement les prix très abordables qui font vendre alors que le risque de contamination est très présent.
Le ramadhan, une période propice à toutes les fraudes
Mais, c’est surtout la période du Ramadan qui demeure la plus propice à ce genre de pratiques malhonnêtes où les infractions se multiplient. Ramadan approche et, en plus de la spéculation, les fraudes en ce qui concerne les produits périmés (changement d’étiquetage des dates de péremption) et marchandises contrefaites se préparent déjà dans les «repaires» des spéculateurs et autres fraudeurs.
Hadj Hamadouche, 67 ans, ancien tapissier à la retraite, nous dira à ce propos : «Certains importateurs malhonnêtes nous fourguent n’importe quoi, comme en témoignent les nombreuses saisies ou refus de réceptionner de la marchandise impropre à la consommation qui sont rapportés quotidiennement par la presse.
Pour moi, toutes ces maladies qui se développent chez nous, à un rythme inhabituel, surviennent de ce que l’on nous fait manger. Sinon, comment expliquer cette amplification d’affections graves qui n’existaient pas par le passé ?»
Pour B.B. Assia, 29 ans, secrétaire dans une entreprise publique, il faut faire attention à ce que l’on mange: «On est arrivé à une situation où même les légumes que l’on consomme deviennent suspects, car on parle de produits toxiques utilisés pour combattre plusieurs formes de maladies qui touchent l’agriculture. Il y a également l’eau douce que beaucoup continue d’acheter chez les colporteurs «ma h’lou» et dont on ne sait rien de la nature ou de l’origine et qui pourrait être une source de maladies, dont la typhoïde.
Même les produits laitiers tels que les yaourts et les fromages ne sont pas épargnés par la duperie pour ce qui est de la qualité, voire la fraîcheur, des produits. Franchement on ne sait plus comment manger sainement !»
Alors comment réagir face à ces «malfaiteurs» de la société de consommation qui gangrènent le circuit commercial, entraînant des conséquences graves et irréversibles sur la santé des citoyens ? Peut-être pas grand-chose dans l’immédiat, mais on peut commencer par faire la part des choses en prenant bien soin d’éviter toute marchandise dont on suspecte la qualité et la fraîcheur.
S.A. Tidjani