La suppression de la subvention de l’Etat aux produits de large consommation n’est pas à l’ordre du jour elt nécessite l’organisation et la mise en place des conditions de durabilité d’une telle décision, a indiqué hier le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, M. Rachid Benaïssa.
«Il faut construire un système et créer des conditions qui vont garantir la durabilité de la décision à prendre», a estimé le ministre en réponse à un avis exprimé par le président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), M. Réda Hamiani, relatif à son opposition à la subvention des produits de large consommation, comme le lait et les céréales.
M. Benaïssa et M. Hamiani s’exprimaient lors d’une rencontre avec les opérateurs économiques en marge du Salon international de l’élevage, du machinisme et de l’agroalimentaire (SIPSA-agrofood), ouvert hier au palais des expositions de la Safex, à Alger.
Le ministre a souligné que le soutien des produits de base comme le lait et le pain «est avant tout un choix politique» qu’a pris l’Algérie au lendemain de son indépendance pour lutter contre la faim. «Aujourd’hui, on repose la question autrement : supprimer ou cibler la subvention.
Ce sont des sujets qui doivent être maîtrisés et évoluer dans le bon sens», a précisé le ministre qui a souligné que «ce débat n’est pas idéologique, mais il s’agit d’un problème d’organisation et de création, d’abord, de filières durables». Il a indiqué, par ailleurs, que l’Etat allait continuer à soutenir la production agricole comme cela se fait dans les autres pays.
De son côté, le président du FCE a réaffirmé son opposition à «la subvention» accordée par l’Etat aux produits de large consommation comme le lait. «Nous soutenons la politique agricole engagée par l’Etat et nous considérons que tout ce qui se fait comme accompagnement et aides pour augmenter l’offre va dans la bonne direction.
Par contre, on est plus que réservés sur les subventions accordées aux produits », a-t-il dit. M. Hamiani a cité l’exemple du lait pasteurisé et conditionné en sachets qui se vend à 25 DA/litre alors que son coût revient à 50 DA.
Le bas prix de ce produit engendre toute sorte de détournements, selon lui. Pour obtenir le prix du lait administré à 25 DA, l’Etat achète la poudre au prix international équivalent à 320 ou 340 DA/kilogramme et il la vend aux transformateurs à 159 DA/kilogramme, sous condition que ce produit soit destiné uniquement à la production du LPC.
Certains transformateurs utilisent cette poudre pour fabriquer d’autres produits laitiers dérivés, alors que d’autres quantités vont aux crémeries. «Ce n’est pas l’Algérien qui profite de ce prix, puisque notre lait est acheminé vers des pays voisins, alors que la poudre subventionnée est utilisée dans la production des produits dérivés», estime M. Hamiani. Dès lors, il a suggéré de trouver des mécanismes pour que ce soutien aille vers les gens à faible revenu.