Un peu plus d’un mois nous sépare du début du mois sacré, mais aussi mois de la folie dépensière et de toutes les spéculations. Déjà une certaine inquiétude s’empare des ménages, surtout des petites bourses. Si la disponibilité des produits est quasiment assurée, il en sera — comme de coutume — autrement des prix qui ne manqueront pas de s’envoler.
Malgré les assurances des différents départements ministériels en charge de la régulation et du contrôle des prix ainsi que de l’Office national des légumes secs quant à la disponibilité des produits de large consommation pendant le ramadan, les ménages algériens préfèrent prendre leurs précautions. Beaucoup de familles ont déjà assuré leur stock. Boualem et son épouse Nadia, d’Alger, ont acheté l’ail à un prix plus bas que là où ils résident, voire à 35 DA le kilo à Baba Ali, nous disent-ils.
Soufiane, père de famille, nous répond sur le sujet : «J’ai demandé à mes beaux-parents de m’acheter l’oignon et l’ail au marché de Bougara ( Blida).» Loubna, employée à Sonelgaz, a déjà commandé son frik de Sétif, car de meilleure qualité que celui que doit lui ramener un vendeur d’Alger. Même cas pour Soraya, qui, comme à l’accoutumée, a acheté, dès à présent, des épices, du frik, des pois chiches, des pruneaux et des raisins secs au marché de Belcourt. Il faut dire que pour le moment, les prix des légumes sont plus ou moins raisonnables.
Le prix de la pomme de terre oscille entre 30 et 40 DA, la tomate fraîche a baissé à 60 DA, le poivron oscille entre 70 et 100 DA. Même certains fruits ont connu une baisse. C’est le cas de la fraise. Au lieu de 250 DA il y a quelques jours, ce fruit saisonnier se vend à seulement 100 DA le kilo dans certains marchés de la capitale. Les consommateurs «prient» pour que les prix ne changent pas dans les jours prochains. Cependant et contrairement aux assurances de nos responsables, l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) estime qu’«on ne peut pas garantir à 100 % la stabilité des prix des légumes secs durant le ramadan».
Pourquoi et comment ? Selon El Hadj Tahar Boulanouar, porte-parole de cet organisme, joint, hier matin par nos soins, les prix pratiqués chez nous dépendent des cours du marché international. «Pour garantir la stabilité des prix, il faut d’abord qu’il y ait une production nationale suffisante qui réponde aux besoins des consommateurs», a-t-il dit. Selon ce responsable, le développement et l’organisation des chambres froides permettent d’assurer l’approvisionnement et la stabilité des prix à longueur d’année.
Notre interlocuteur a indiqué qu’«il faut concrétiser le développement du réseau national de distribution pour réduire la différence entre les prix sur les marchés de gros et de détail». Ajoutant que «l’absence de culture de consommation chez les Algériens est pour quelque chose dans cette situation». La forte demande durant cette période de grande consommation, notamment des produits incontournables, tels que viandes, poulets, légumes secs…, est très souvent à l’origine des perturbations des prix au début du ramadan.
Pourrons-nous éviter ce scénario cette année ? «Non, non, il faut s’attendre à la même chose que les autres années», a-t-il répliqué. Le directeur de l’Office national des légumes secs a rassuré tout récemment que les prix des légumes secs seront stables : les poix chiches seront à 136 DA /kg, le riz à 80 DA/kg, les lentilles à 70 DA/kg et les haricots à 203 DA durant le ramadan.
S.L