A quelques jours du mois sacré de Ramadhan, les Algériens commencent déjà à souffrir de la flambée des prix des produits de première nécessité.
Comme à l’accoutumée, en cette veille du mois béni de Ramadhan, les commerçants, sans aucun scrupule, restent les seuls maîtres de la situation et profitent de la forte demande pour gonfler les prix de certains produits de première nécessité, tels que les légumes, les fruits, la viande et le poisson… Hier, au niveau des différents marchés de la capitale, certains produits comme la volaille, les légumes étaient inaccessibles aux consommateurs.
Le prix du kilogramme d’escalope de dinde a grimpé de 700 DA à 900 DA à Alger-Centre et au centre de Koléa, alors qu’il est proposé à 600 DA au marché spécialisé de la dinde à Megtaâ Kheira, c’est-à-dire à quelques kilomètres seulement de Koléa. Cette denrée très consommée par les ménages algériens en raison de son prix raisonnable ne sera désormais plus accessible. Cette situation interpelle la rigueur des services de contrôle et les ministères de l’Agriculture et du Commerce, qui ont rassuré récemment de la disponibilité des produits.
Contrairement à l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) qui multiplie ses campagnes de sensibilisation en direction des commerçants, l’Association algérienne pour la protection des consommateurs reste les bras croisés. Dans l’optique d’atténuer la surenchère qui s’empare de certains produits, l’UGCAA a multiplié, en effet, ses interpellations et appels en direction des pouvoirs publics, pour accélérer la réalisation des marchés de proximité dans les communes et la mise en place d’un réseau de distribution permettant une traçabilité et un contrôle des prix des produits alimentaires.
Même si les prix des légumes n’ont pas grimpé de façon spectaculaire, comme cela était enregistré ces dernières années, les prix des viandes et du poisson ont, quant à eux, connu une hausse à l’image de la sardine dont le prix est passé de 400 DA à 500 DA. La pomme de terre est cédée entre 25 et 40 DA le kilogramme. Le prix du poulet qui était de 220 et 250 DA quelques semaines avant le Ramadhan a atteint les 400 DA dans certains marchés.
Le prix de la viande rouge reste intouchable pour de nombreux ménages puisque ne descendant que rarement sous 1200 DA le kilogramme. «C’est pour cette raison que j’opte pour la viande congelée qui est moins chère», dira un père de famille rencontré dans un des marchés d’Alger. L’augmentation des prix serait, à en croire certains commerçants sans vergogne, tributaire de l’équation offre- demande. En clair, plus le produit est demandé sur le marché, plus son prix augmente, explique-t-on. En somme, tout laisse croire que, comme d’habitude, cette année encore, les Algériens doivent s’attendre, impuissants, à une montée fulgurante des produits de première nécessité face à la forte demande pendant le Ramadhan.
Des ménages recourent aux prêts sur gage
Face à cette envolée, des ménages recourent aux prêts sur gage pour les dépenses du mois de Ramadhan. Nombre d’Algériens ne disposant pas des moyens financiers à même de faire face aux dépenses au cours du mois du jeûne, s’adressent, comme cela se fait depuis de nombreuses années, aux agences de prêts sur gage, relevant de la Banque de développement local (BDL) pour obtenir des sommes d’argent les aidant à affronter la cherté des produits alimentaires durant ce mois sacré. Il s’agit de mise en gage de leurs bijoux en contrepartie de prêts.
La BDL compte cinq agences de prêts sur gage en Algérie. Deux sont situées à Alger, une à Constantine, une à Oran et une autre à Annaba. Des files d’attente sont formées à l’approche du mois sacré.
Les prêts sur gage connaissent, faut-il le noter, une affluence considérable à la veille de périodes à grandes dépenses, comme le mois de Ramadhan. «J’ai quelques bracelets que je viens mettre en gage espérant recevoir, en contrepartie, un prêt qui me permettrait de faire face aux dépenses pour le mois de Ramadhan», dira une mère de famille rencontrée près de l’une des agences BDL à Alger. Le ministre du Commerce avait, rappelle-t-on, indiqué que «toutes les mesures ont été prises pour éviter des pénuries de produits».
Une autre personne rencontrée près d’une agence BDL d’Alger ajoute que «non seulement on doit faire face aux dépenses liées au mois du jeûne, mais également on doit se préparer aux dépenses pour la fête de l’Aïd El Fitr et la rentrée scolaire et l’achat des affaires». Des dizaines de personnes se présentent chaque jour dans chacune des agences BDL de prêt sur gage. Le nombre augmente au fur et à mesure que le mois sacré approche, note-t-on. Les personnes rencontrées hier dans les marchés d’Alger se demandent où sont passées les promesses des ministres et les services de contrôle des prix.
Samira Azzegag