Pour réussir sa stratégie de diversification économique, l’Algérie doit bâtir une démarche d’exportation basée sur les atouts dans l’agriculture et l’agroalimentaire, un domaine qui suscite désormais beaucoup d’intérêt de la part des opérateurs, ont estimé mardi des experts.
« L’Algérie doit mettre en place une vision à l’export en misant sur des atouts notamment la production des produits à contre saison. Il faut préparer l’acte d’exportation, c’est-à-dire, exporter pour un marché et non pas des excédents », a déclaré le président de l’association des exportateurs algériens (ANEXAL), Ali Bey Nasri, lors du Forum de l’exportation organisé en marge du 14 ème salon international de l’agroalimentaire (Djazagro).
Les produits agricoles récoltés en primeur (précoces) notamment les fruits et légumes est l’un des avantages comparatifs dont dispose le pays pour bien démarrer sa politique d’exportation, estime-t-il.
L’exportation des produits précoces en Europe par exemple est exonérée de droits de douanes et peuvent être vendus à des prix élevés, a-t-il souligné.
Pour asseoir cette stratégie, M. Naceri, suggère aux pouvoirs publics de définir les bassins susceptibles d’exporter et mettre en place les conditions de traçabilité des produits qui doivent répondre aux normes de qualité.
« Certes, on a pris conscience qu’on doit exporter, nous disposons de la matière, mais le plus important c’est d’assurer la traçabilité des produits au niveau de bassins prédéfinis », a-t-il dit.
L’autre atout souligné par les opérateurs: les cultures sous serres qui donnent la possibilité de produire des légumes tout au long de l’année destinés à l’exportation.
« Le gouvernement doit encourager le développement de la serre multi-chapelle.
Nous pouvons faire beaucoup de choses dans les cultures maraîchères protégées (sous serres) », selon Ameziane Lefki, importateur de la semence de pomme de terre qui compte exporter aussi de la pomme de terre vers sept pays africains.
« J’ai sillonné sept pays d’Afrique et conclu des contrats pour 500 tonnes et je compte aussi exporter vers l’Espagne et la France », a dit ce professionnel qui cumule une expérience de 20 ans dans la filière pomme de terre.
Suite à la chute des prix du pétrole, les pouvoirs publics ont pris des mesures pour limiter les importations et diversifier l’économie via notamment la promotion des exportations hors hydrocarbures.
= ‘l’Algérie doit être réellement la porte de l’Afrique’=
Pour réussir ce défi, l’Algérie « doit définir des objectifs chiffrés » dans une « stratégie nationale globale » en matière d’exportations hors hydrocarbures, estime, pour sa part, Tarik Rahmoun, cadre à la direction d’arbitrage et évaluation des risques à la Compagnie algérienne d’assurance et de garantie des exportations (Cagex).
En énumérant les atouts géographiques, il estime que le pays « doit être réellement la porte de l’Afrique ». Il faut, d’après lui, « être plus agressifs », en appelant les banques à ouvrir des comptes au niveau de ces pays. « Ce n’est pas compliqué, il faut seulement avoir le courage de prendre ces décisions », a-t-il dit.
M. Rahmoun a appelé également à « dépénaliser l’acte d’exportation ».
Le directeur de l’Entreprise des entrepôts frigorifiques de la Méditerranée (Frigomedit), Djahid Sfizef, a recommandé de penser à réaliser désormais des objectifs qualitatifs après avoir réalisé ceux de la quantité.
« On ne peut pas réaliser une opération d’exportation à travers un excédent, mais il faut la structurer de manière durable », estime cet opérateur soulignant que les quantités de pomme de terre exportées cette année ont été expédiées dans des conditions difficiles.
Actuellement, l’Algérie ne dispose pas d’un atelier aux normes internationales en mesure de préparer une cargaison de pomme de terre, a-t-il dit.
Il a révélé dans ce contexte que Frigomedit était sur un programme d’investissement « très important » qui synchronise toutes les étapes précédent l’exportation.
Il s’agit de la réalisation de neuf (9) complexes de collecte, de 11 plates-formes logistiques dotées de lignes de traitement s’adaptant à tous les produits maraîchers et une trentaine d’entrepôts de stockage et de distribution à travers le territoire national notamment au sud.
Le ministre de l’Agriculture, du développement rural et de la pêche, Sid Ahmed Ferroukhi, a souligné à l’ouverture du forum l’existence d’une « dynamique importante » à l’amont du secteur agricole qu’il faudrait relier aux segments aval pour créer à la fois de la croissance et développer des capacités d’exportation.
Il a indiqué, dans ce sens, avoir recensé plus de 80 pôles agricoles très dynamiques répartis sur le territoire qui représentent le tiers de la valeur de la production agricole.
« Ces pôles se sont notamment développés dans les métiers de l’amont, mais demandent aussi que les autres métiers se développent comme la logistique, le froid, le conditionnement et la transformation », a ajouté le ministre.
« Nous avons beaucoup d’atouts qu’on doit valoriser. Je cite cette capacité à produire quasiment pendant toute l’année avec des calendriers de production très étalés dans la pomme de terre, le lait, la viande et la tomate », a-t-il estimé.