Alors que l’inquiétude du gouvernement monte face à la raréfaction des ressources financières substitutives au budget de l’Etat, la nécessité de tailler dans le budget des importations s’avère inévitable, surtout lorsqu’on sait que certains achats, financés par les devises du pays, sont superflus et inutiles.
Dans ce contexte budgétaire tendu, le gouvernement qui fait feu de tout bois gagnerait à analyser les différentes niches d’importations. Les différents tableaux statistiques des Douanes algériennes contiennent des révélations édifiantes sur le pourquoi de la hausse effrénée de la facture des importations de l’Algérie.
Au-delà de l’importation de certains produits agricoles de base auxquels l’Etat consacre annuellement moins de 10 milliards de dollars, d’autres produits, moins importants, voire inutiles, mais dont la facture est salée, gravitent autour de cette action de l’Etat de financer les produits de première nécessité. Durant les 11 premiers mois de l’année en cours, les produits agricoles de base, à savoir les céréales, le lait et les sucres, ont coûté à l’Etat environ 6 milliards de dollars, dont 3,2 milliards de dollars pour les céréales, 1,840 milliard de dollars pour les produits laitiers et 825 millions de dollars pour les sucres, lit-on dans le tableau statistique des Douanes, interprétant l’évolution, en volume comme en valeur, des importations des principaux produits agricoles, jugés de base.
Cependant, ces coûts n’auraient pas d’impact important sur le budget de l’Etat, l’inquiétude grandissante provient plutôt de l’importation de centaines de produits agricoles « parasites ». Nous importons aussi, à titre d’exemple, des abats de bovins congelés, autres que langues et foies, frais ou réfrigérés ainsi que d’autres carcasses de bovins et ovins.

L’Algérie importe également tous les genres de poissons ; Saumons de l’Atlantique (et saumons du Danube, Thons rouges du sud frais ou réfrigéré, merlans bleus, bars, sardines, raies, les anchois, la farine, œuf et laitance de poissons, des crustacés et des langoustes…etc. L’Algérie importe également de l’eau douce, des yaourts, alors qu’ils sont produits localement. Dans la catégorie des produits agricoles frais, l’Algérie importe également des pommes de terre, des tomates, des oignons et échalotes à l’état frais ou réfrigéré, des choux-fleurs, carottes et navets, de la laitue, les épinards, les haricots, les fèves et autres légumes. L’Algérie importe des dattes alors qu’elle en produit, des ananas, avocats, goyaves, oranges, mandarines, citron, raisin, pastèques, melon, pommes fraîches, poires, abricots, pèches, fraises, kiwis frais, des plaquemines…etc.
Les Douanes algériennes ont recensé également l’importation de tous les genres de produits végétaux, des pâtes alimentaires, du couscous, aliments de chiens et de chats et des centaines d’autres produits agricoles, dont le coût est assurément pesant dans le budget de l’Etat.
En lisant les différents tableaux du CNIS, détaillant les importations du pays, l’on se rend compte de la complicité de l’Etat dans l’aggravation des faiblesses financières extérieures, dues à une montée en flèche de tous les genres d’importations, financées par les devises du pétrole. Il est amusant de prendre les produits un par un pour mesurer le coût de chacun. C’est là où le gouvernement pourra puiser pour faire des économies et/ou des coupes budgétaires.
Ali Ben Mohamed