L’objectif, c’est d’assurer une régulation du marché à travers un meilleur approvisionnement des ménages en produits alimentaires sensibles, de large consommation, pendant le mois sacré.
Les départements du Commerce et de l’Agriculture ont décidé de coordonner leurs efforts pour faire face à la traditionnelle flambée des prix durant le mois de Ramadhan. Une commission mixte regroupant les représentants des deux ministères et ceux des organismes concernés est déjà à pied d’œuvre. L’objectif, c’est d’assurer une régulation du marché à travers un meilleur approvisionnement des ménages en produits alimentaires sensibles, de large consommation, pendant le mois sacré, notamment les viandes, le lait en sachet, les légumes, les fruits frais… Une chose est certaine, d’aucuns avouent que la manière idoine pour aborder ce mois dans des conditions acceptables est de garantir une production suffisante et une disponibilité des produits agroalimentaires. Pour ceux (produits) susceptibles de connaître une pénurie, un stockage en quantités suffisantes devrait être effectué. La stratégie arrêtée dans ce cadre par le ministère de l’Agriculture est fondée sur deux principaux piliers : une production nationale et une importation d’appoint. Le comité interministériel a, après plusieurs réunions, analysé la situation du marché surtout pour les produits très demandés pendant le Ramadhan. Pour ceux (produits) difficilement stockables tels que la tomate, les responsables recourent aux produits de conserve.
Néanmoins, le Ramadhan 2010 connaîtra, selon Amara Assabah, directeur de la régulation et de la production au ministère de l’Agriculture, une disponibilité en quantités suffisantes de ces produits. Ainsi, pomme de terre, oignons, céréales, lait, tomate ne subiront pas de perturbations. Concernant les viandes rouges, il est prévu une importation d’appoint. Une prévision de stockage de 5 000 tonnes de viandes rouges (ovine et bovine) est prévue pour le mois d’août. Cette importation d’appoint permet, quand il y a une demande importante d’atténuer les tensions qui peuvent exister sur ce produit-là. L’opération est en cours. Les opérateurs qui relèvent de la SGP Proda (Société de gestion des participations Production animale), ont pris au sérieux le dossier.
Ils sont sortis sur le marché international. Hormis ceux qui font l’objet de restrictions sanitaires, tous les pays peuvent potentiellement livrer à l’Algérie la viande rouge congelée.
La viande rouge congelée importée interdite des pays qui font l’objet de restrictions sanitaires
étant membre de l’Organisation internationale de la santé animale, l’Algérie mesure parfaitement les risques sanitaires encourus lors de ces opérations d’importations. Toutefois, les autorités sanitaires du pays demeurent intransigeantes sur le respect du cahier des charges et des conditions d’introduction de ces viandes sur le marché national. Un contrôle documentaire, par le biais duquel les autorités sanitaires sauront si le pays exportateur est autorisé à exporter ou non, est ainsi accompli.
Les responsables concernés s’assurent de ce fait que le produit importé répond aux critères garantissant la bonne qualité sanitaire. Sur un autre plan, des mesures ont été prises pour maîtriser davantage les circuits de distribution de tous ces produits.
Le ministère du Commerce va, à ce propos, renforcer et réhabiliter les infrastructures commerciales et installer des commissions de wilaya d’urbanisme et d’organisation des activités commerciales. Il sera également procédé à la mise en place d’un nouveau cadre réglementaire qui vise à mettre fin aux dérèglements qui affectent le marché intérieur et induits par l’implantation anarchique des activités commerciales. “L’application effective de ce texte contribuera aussi à résorber considérablement le marché informel et assurera une bonne régulation du marché national tout en générant des richesses et des emplois”, explique une source au ministère du Commerce.
Le décret exécutif prévoit, pour rappel, la définition des espaces commerciaux concernés, les marchés de gros, de détail et hebdomadaires, les supermarchés et hypermarchés et les centres commerciaux. L’autre disposition introduite dans ce texte a trait à l’application de la législation et de la réglementation, relatives aux activités commerciales et à la qualité, à savoir le registre du commerce, la publicité des prix, les factures, la conformité des produits mis à la consommation…
Lois sur les pratiques commerciales : des amendements en vue
Le décret prévoit également l’installation de manière régulière des services de sécurité et la mise en place de brigades mixtes permanentes de contrôle de la conformité et des pratiques commerciales (agriculture-commerce). “Afin de veiller au fonctionnement d’un marché concurrentiel sain et loyal, l’État préconise le renforcement de ses attributions en matière de stabilisation des prix, en cas de perturbation sensible du marché, et ce, dans le cadre de l’exercice de ses prérogatives de puissance publique”, explique la même source.
Toutes ces décisions, faut-il le préciser, ne remettent pas en cause le principe universel de la “libre fixation des prix qui devra être préservée”, indique notre source. Or, il s’agit essentiellement de garantir “la transparence et la loyauté des pratiques commerciales et de mettre à l’abri le marché national des tendances spéculatives”, ajoute-t-elle. À ce propos, des actions d’amendement de l’ordonnance n°03-03 du 19 juillet 2003, modifiée et complétée, relative à la concurrence et de la loi n°04-02 du 23 juin 2004, fixant les règles applicables aux pratiques commerciales, ont été proposées, selon la même source, pour renforcer les obligations légales des agents économiques en matière de respect des marges et des prix, et aggraver les sanctions applicables aux pratiques commerciales illicites. Il est suggéré ainsi l’élargissement du champ d’application de ces deux textes à des catégories d’agents économiques, notamment ceux activant dans les secteurs de la production et de la distribution agricoles tels que les agriculteurs, éleveurs, mandataires, maquignons et chevillards, et la pêche ainsi que dans l’importation de biens pour la revente en l’état. “Ces activités se rapportent à des biens et services particulièrement stratégiques par rapport à l’approvisionnement et à la stabilité du marché et au pouvoir d’achat du consommateur”, argue-t-on. Il est en outre proposé l’institution d’une procédure nouvelle de dépôt obligatoire par les agents économiques concernés, des structures de prix des biens et services devant faire l’objet de mesures de fixation ou de plafonnement des marges et des prix. À travers ce dispositif, on peut garantir, estime notre source, la transparence et la traçabilité des prix et des marges pratiqués. L’État sera encore doté d’un outil efficient d’appréciation et d’analyse des coûts de production, de marges bénéficiaires appliquées et des prix de vente.