Après les multiples réunions régionales tenues entre les chefs des laiteries, c’est au tour des membres du Conseil interprofessionnel du lait (CIL) de se réunir, hier, pour aborder les problèmes que vit la filière depuis quelques mois.
Le moment de la perturbation qui secoue le secteur et surtout les réunions qui se succèdent ne sont pas fortuits.
On s’approche de la fin de l’année coïncidant avec le renouvellement des contrats des opérateurs laitiers avec l’Office national interprofessionnel du lait (Onil) pour l’année prochaine.
Et les opérateurs laitiers affichent, une nouvelle fois, leur mécontentement quant à la gestion opérée par l’Onil, notamment en ce qui concerne les quotas de la poudre de lait attribués à chaque usine. C’est, en tout cas, l’un des points inscrits à l’ordre du jour de la réunion du CIL après le mécontentement affiché par les opérateurs au cours des assemblées précédentes.
La dernière réunion s’est tenue lundi à Alger. «Une occasion pour les opérateurs d’exprimer leurs préoccupations vécues durant l’année 2011», lit-on dans un communiqué rendu public hier par la Fédération nationale des industries agroalimentaires, présidée par Abdelouahab Ziani.
Les opérateurs affirment leur soutien indéfectible aux décisions prises par le gouvernement visant à réduire la facture de l’importation de la poudre de lait et la promotion de la collecte du lait cru en réduisant la production de lait pasteurisé, mais ils affirment que ces mesures, très importantes pour le secteur agricole et de l’élevage, peinent à se concrétiser sur le terrain.
Outre la mauvaise répartition des quotas qui fait que les opérateurs travaillent en deçà des moyens qu’ils ont mis en place pour satisfaire la demande de la population, les opérateurs ont soulevé les problèmes de distribution des quotas et des diverses destinations qu’ils empruntent pour aller chercher
leurs quotas de poudre. Les charges fiscales et parafiscales et les augmentations des salaires et du SNMG décidées lors de la dernière tripartite risquent de mettre en péril les investissements, vu que les opérateurs ne peuvent plus faire face à ces dépenses face à la limitation de la production et au coût du lait qui n’a pas changé depuis plusieurs années.
Les opérateurs veulent être impliqués dans la politique sectorielle
Les prévisions concernant la hausse des cours au marché mondial seront également débattues par les membres du CIL.
La fraude dans la production de lait pasteurisé est également abordée par les producteurs qui ne trouvent toujours pas d’explications aux contradictions soulevées en la matière. En effet, la norme indiquée par l’Onil est de 103 g de poudre pour un litre, alors que le ministère du Commerce recommande 112 g.
Les opérateurs ont évoqué les contraintes bureaucratiques rencontrées pour l’octroi des crédits, l’achat des équipements et les autres aides auprès des services concernés par l’agriculture, l’élevage et autres.
Ils ne savent plus à quel saint se vouer face à ces blocages. Pour eux, en l’absence de véritables mesures incitant le développement de l’élevage, la politique décidée par l’Etat est vouée à l’échec. Pour évoquer tous ces problèmes et tenter de trouver des solutions, les opérateurs demandent des réunions de concertation avec les premiers responsables des secteurs agricole et du commerce ainsi que ceux de l’Onil.
«On veut être impliqués directement dans la politique sectorielle pour ne pas subir de décisions unilatérales», diront les opérateurs. «Notre objectif est d’optimiser la situation du secteur pour l’année 2012», ont-ils ajouté.
Nouria Bourihane