Après une année 2013 passée en zone de turbulences, la principale société du pays a connu tout de même une fin d’année faite de quelques bonnes nouvelles.
Après des années de baisse de la production et une attitude plutôt attentiste des partenaires étrangers, la plus riche compagnie d’Afrique a fini par dépasser tous les écueils et montre désormais des signes réels de reprise et devrait connaître un sérieux retour à une croissance forte au cours des cinq prochaines années.
En effet, malgré la diminution continue de la production de pétrole et de gaz cette année, le P-DG de Sonatrach, Abdelhamid Zerguine, a déclaré aux journalistes, la semaine écoulée, que le secteur de l’énergie du pays était prêt à un revirement.
Et une telle assurance n’est pas sans fondement. Faisant suite à cette annonce, Platts, un think tank spécialisé et connu dans le monde de l’énergie, a publié un rapport sur la production de pétrole de l’Algérie.

Celle-ci s’élevait à 1,14 million de barils par jour en novembre, en baisse de 15% en moyenne de 2005 à 2010. Pendant ce temps, la production de gaz du pays a diminué de façon constante depuis 2005. Ce déclin de l’industrie a été, en effet, expliqué par Zerguine par le fait de l’octroi de certains permis aux petits opérateurs qui n’ont pas la «capacité financière» pour répondre aux exigences des projets locaux.
Pour Platts, qui va plus loin, il y a toutefois d’assez bonnes nouvelles pour tous ceux préoccupés par la baisse récente de la production de l’Algérie en hydrocarbures, laissant entendre qu’il y a une grande part de responsabilité des compagnies étrangères qui ont freiné leur engagement dans le marché algérien, depuis l’abandon des réformes que l’ancien ministre Chakib Khelil n’a pas pu faire aboutir.
«La production de l’Algérie a commencé à ralentir après l’adoption de nouvelles lois et taxes de partage de revenus en 2005, y compris une clause 2006, dite taxe sur les surprofits», écrit Platts, et cela lorsque le pétrole a repris sa hausse continue au-delà des 30 dollars US le baril.
Dans la seule année 2009, la production a chuté de 5%, tant «la frustration des firmes étrangères était grandissante face à l’impassibilité du gouvernement aux demandes de renégociations à effet rétroactif sur les clauses des contrats et les conditions du marché domestique».
Des compagnies qui n’hésitaient pas à utiliser les allégations sur les affaires de corruption pour faire davantage de pressions. Ensuite, il y a eu, comme on l’a vu, l’escalade qui a mené les entreprises étrangères à menacer de complètement quitter le pays, menaces qui, au passage, étaient réitérées à chaque série d’octroi de permis d’exploration des périmètres miniers. L’an dernier, un permis de 10 ans n’a attiré que deux parties intéressées seulement, dont l’une était Sonatrach.
Les investisseurs étrangers, qui auraient souhaité venir où se développer dans un marché qui serait totalement libéralisé par des réformes comme celles que voulait mettre en oeuvre M. Khelil. Pour eux, l’Algérie dans son ensemble peine à offrir un cadre d’investissement sûr pour les entreprises étrangères.
Ils sont confortés dans leur position par la Banque mondiale qui a classé le pays à la 148e place sur 183 en termes de facilité de faire des affaires. Si cela est vrai pour tous les secteurs, celui de l’énergie est présenté par eux comme «particulièrement turbulent». Pour beaucoup, le pay-off en tant que mode de partenariat ne vaut tout simplement pas la peine.
Et pendant que les firmes étrangères, sachant pertinemment que le pétrole se raréfie et que c’est l’Algérie qui est en position de force et non le contraire, entraient en guerre d’usure avec les autorités algériennes, l’avènement des affaires telles que celles rapportées par la presse nationale dans le secteur de l’énergie n’étaient pas pour consolider la position d’Alger.
A la mi-2012, le gouvernement semblait prêt à faire des concessions et répondre aux préoccupations des partenaires étrangers avec la promesse d’une refonte législative plus attractive pour eux. Toutefois, lorsque la nouvelle loi a finalement été annoncée en octobre de la même année, les projets d’exploration et de production traditionnels ont été laissés de côté en faveur de potentiels efforts de schiste du pays.
On devine aisément la colère des sociétés étrangères et on comprend beaucoup moins la mobilisation de certains acteurs locaux contre le gaz schiste… Bref, l’intransigeance des autorités algériennes n’a pas été sans conséquences : une nouvelle année de baisse de la production a été enregistrée.
Et une fois encore, la position du gouvernement devenait difficile à tenir, vu que l’attaque terroriste d’In Aménas et les allégations autour de l’affaire Saipem devaient fatalement affaiblir sa position et sa capacité de négociation vis-à-vis des compagnies étrangères qui menaçaient, une nouvelle fois, de quitter le pays.
Mais malgré tout, et surtout avec les arbitrages faits en derniers ressorts dans le cadre de la loi de finances 2014, les autorités ne changent finalement rien à rien et ne sont toujours pas prêtes à la moindre concession sur les richesses du sous-sol algérien.
Les pressions de toutes natures n’ont pas fait oublier que ce sont les compagnies qui ont le plus besoin du pétrole algérien et non le contraire. Et cela, malgré le retard technologique de Sonatrach qui est à l’origine de ses capacités limitées et de son besoin de partenaires étrangers.
Quand on a parlé de quelques bonnes nouvelles en fin d’année, permettant à Sonatach d’envisager une suite meilleure à ce bras de fer, on évoquait, en fait, l’annonce par le norvégien Statoil qu’il ne vendrait pas ses actifs locaux et qu’il entendait amorcer le retour de son personnel vers les sites de production en Algérie.
Les autorités ont fait le dos rond et cela semble payer. La vérité est là, le potentiel énergétique de l’Algérie reste fort et il le sera davantage si l’on comptabilise les options non-conventionnelles.
Il n’y a aucune raison de penser que les compagnies étrangères peuvent tenir davantage et qu’elles ne feront pas plutôt le contraire de ce qu’elles ont fait jusque-là, c’est-à-dire se concurrencer pour savoir qui va le plus vite s’insérer dans un dispositif sur lequel elles n’ont pu influer. Il va sans dire que cela ne se fera pas sans d’autres gesticulations à l’avenir.
N. B.