Des mesures d’urgence doivent être prises pour éviter aux aviculteurs des pertes considérables engendrées par la chute des prix des viandes blanches.
Cette situation, qui a suscité l’inquiétude des éleveurs, menacés de faillite, a, également, interpellé les pouvoirs publics. Une réunion a été organisée, ce jeudi, par le ministère de l’Agriculture avec tous les intervenants dans la filière, entre autres, le Comité interprofessionnel de la filière avicole (CIFA), la SGP PRODA, l’Office national des aliments de bétail (ONAB) et l’Office national interprofessionnel des légumes et viandes (ONILEV). Une chose est sûre, cette situation « est loin d’être avantageuse pour les éleveurs », a noté M. Laïdouni, président du CIFA.
Pour rassurer les producteurs, le ministre de l’Agriculture, Rachid Benaissa, a instruit les intervenants en amont de la filière à réguler le marché. L’interprofessionnelle a un délai d’un mois pour structurer les relations entre les acteurs de la filière et contractualiser les rapports entre les abattoirs (publics et privés) et les éleveurs pour constituer des stocks. M. Laïdouni a fait savoir qu’en ce qui concerne le CIFA, des regroupements régionaux prévus au centre, à l’est et à l’ouest du pays, seront lancés à partir de la semaine prochaine.
« Nous regrouperons les services vétérinaires, les abattoirs publics et privés et les autres acteurs », a-t-il précisé, avant d’ajouter que ces réunions ont pour but principal de sensibiliser les acteurs intervenant dans la filière « pour que la production soit absorbée et normalisée ». Car, selon M. Laïdouni, la filière avicole est « très complexe et nécessite beaucoup de technicité, d’efforts et l’implication de tous les intervenants ».
La constitution d’un stock de sécurité ne constitue pas, selon lui, « une opération nouvelle » d’autant que la même procédure a été appliquée durant les périodes qui ont connu une forte abondance où l’offre a été supérieure à la demande. Mais à quoi est due cette surproduction avicole ? « Elle résulte de l’exploitation de nouvelles serres d’élevage », a expliqué le président du CIFA.
Le ministre a lié cette dernière aux mesures fiscales d’encouragement prises par le gouvernement, l’été dernier. M. Rachid Benaissa a instruit les présents à sensibiliser les abattoirs, notamment privés, à adhérer au dispositif de régulation appelé « la triangulaire ». Celui-ci sera chapeauté par le groupe public ONAB. Ce dispositif consiste à fournir le poussin et l’aliment à l’éleveur qui, en retour, vend sa production à l’abattoir qui absorbera le maximum de surplus de production pour consolider la pérennité de la filière.
Le hic : seule une trentaine d’abattoirs privés et publics y ont adhéré. Pour renforcer les capacités d’abattage et soulager les éleveurs, le CIFA va sensibiliser les autres abattoirs privés à intégrer le système de régulation. Dans ce cadre, l’ONAB s’est engagé à stocker l’équivalent de 10.000 tonnes de poulet à un prix avantageux de 200 DA/kg offert à l’éleveur, alors que le prix plancher garanti par l’Etat, dans le cadre de la triangulaire est de 150 DA/kg. Le prix du poulet vif, cédé par l’éleveur, a chuté à 120 DA/kg, voire 100 DA dans certaines localités, alors qu’il devrait osciller entre 180 et 200 DA/kg pour garantir un bénéfice à l’éleveur, selon des professionnels.
Wassila Ould Hamouda