Production de dattes en hausse, Des écueils perdurent au niveau de la logistique

Production de dattes en hausse, Des écueils perdurent au niveau de la logistique

Au-delà des produits de large consommation, la filière phoenicicole présente un potentiel appréciable pour la rentabilisation du secteur agricole. Entamée en octobre dernier dans les différents bassins de production comme Biskra, El Oued, Ouargla ou Ghardaïa, la récolte de l’année en cours dépasserait largement les 8 millions de quintaux selon les prévisions préétablies par les services concernés, ce qui fait ressortir une nette progression par rapport aux rendements mitigés de la saison 2013.

A ce niveau, la production de la saison 2014 dépassera largement le cap des 200 milliards de dinars, selon les mêmes prévisions. Laquelle dynamique reflète une croissance appréciable de la valeur ajoutée agricole en mesure de palier le déficit qu’enregistrent continuellement d’autres filières du secteur.

Néanmoins, en aval des rendements, la production des dattes est confrontée à des difficultés structurelles qui constituent un défi non facile à franchir à court terme. Avant même de poser la récurrente question des capacités de l’Algérie à promouvoir la marque locale pour son exportation sur le marché international qui demeurent rudimentaires, de nombreux écueils attendent d’être relevés dans le circuit logistique, à savoir le stockage, le conditionnement et le transport.

Tel que détaillée par le président de l’association des producteurs de dattes de la wilaya de Biskra récemment, la principale contrainte dont se plaignent les acteurs de la filière est le pullulement de ceux qu’il qualifie de « prédateurs » qui sont aux aguets sur le marché, dès le début de la campagne de récolte pour multiplier des manœuvres et provoquer l’effondrement des prix. Entre autres, il citera l’exemple de leur technique qui consiste à faire tout pour empêcher les producteurs de dattes d’accéder aux chambres froides pour le stockage du produit de la saison. A cet égard, il regrette le comportement de ces opérateurs qui squattent purement les infrastructures de stockage sous froid en les encombrant par des fruits importés (bananes, pommes, poires, etc.) et forcer la main aux producteurs de dattes à céder leur produit à des prix très bas lorsqu’ils ne trouvent pas des moyens pour les stocker. Ce représentant des acteurs de la filière phoenicicole regrette en conséquence le silence des autorités en charge du secteur face à de tels comportements.

La colère des producteurs de dattes n’est pas moins légitime outre mesure lorsque l’on sait qu’une grande partie de ces infrastructures de stockage ont été réalisées avec des fonds du Trésor public octroyés à des opérateurs privés dans le cadre des dispositifs de soutien à l’investissement dans des créneaux en aval du secteur agricole avec un objectif qui vise à renforcer les capacités du secteur à réguler le marché et maîtriser l’offre et la demande des produits agricoles.

Pour de nombreux producteurs de dattes, il est clair que ce sont ces réseaux qui nourrissent les réseaux de la contrebande qui font fuir une grande partie des dattes algériennes vers des pays voisins qui les écoulent facilement sur le marché international sous des appellations étrangères.

Evoluant dans un climat aussi délicat que fragile, la question qui se pose est de savoir comment le ministère de tutelle ambitionne-t-il à engager un processus de labellisation des produits de qualité, à l’instar de Deglet Nour, comme il vient d’être annoncé dans le cadre de la convention signée en octobre dernier avec la Commission européenne, alors que des problèmes aussi élémentaires comme ceux relatifs au stockage perdurent encore ? A l’instar des dattes, plusieurs autres produits du terroir algérien jouissent d’un potentiel appréciable mais leur exploitation se débat encore dans des difficultés complexes et nourrissent les circuits informels au détriment de leur réputation.

Mourad Allal (L’éco n°100 / du 16 au 30 novembre 2014)