Le directeur de l’Institut National de Recherche en Agronomie (INRA), Mohamed Fouad Chehat, a indiqué que l’Algérie possède le potentiel de réduire sa facture d’importation céréalière de 50%, tout en pointant une absence de volonté chez les pouvoirs publics pour améliorer la productivité céréalière. Selon lui, on assiste à «une contradiction » entre le discours et la réalité.
Invité de la Radio nationale (Chaine III), le directeur général de l’INRA considère que l’Algérie a le potentiel nécessaire afin de réduire ses importations de céréales de prés de 50%. « La volonté n’est pas là » a-t-il souligné en relevant « un discours contradictoire » qui fait que « tout le monde s’arrange à dire qu’il faut moderniser l’agriculture pour améliorer la productivité, mais de l’autre côté, rien n’est fait en matière de recherche et développement pour permettre de meilleurs résultats ». Et à ce propos, il a précisé que «l’utilisation d’une semence de qualité est indispensable si on veut améliorer la production ».
Toutefois, cela nécessite «un effort dans l’amélioration de la productivité à travers l’extension de la surface irriguée, notamment, quand il y’a une pluviométrie défavorable» a-t-il expliqué. A titre d’exemple, indique-t-il, cette année la production céréalière a reculé dans trois wilayas à cause de la pluviométrie, « d’où la nécessite de généraliser les systèmes d’irrigation à chaque fois que cela est possible », ce d’autant plus l’Algérie a la capacité « d’irriguer un million d’hectares supplémentaires ».
Sur un autre plan, M. Chehat s’est inscrit en porte-à-faux du discours selon lequel « la tendance des importations des céréales ne peut pas changer ». Pourtant, « des solutions existent », affirme-t-il.

Ce qu’il faut rappeler, c’est qu’en Algérie, le rendement se situe actuellement à 17 quintaux/hectare alors qu’elle est de 60 quintaux dans certains pays. « Il faut arriver au moins à 30 quintaux par hectare si on veut assurer 50 à 60% des besoins nationaux », a-t-il ajouté, soulignant qu’il est temps de changer la méthode.
Par ailleurs, l’invité de la radio, a indiqué que « la filiale céréalière est saturée, notamment dans le segment meunerie et semoulerie. « Il y a eu des facilitations qui ont permis de développer cette activité et la production des 400 moulins présents dépasse largement les besoins » a indiqué encore M. Chehat. Et pour remédier a cette situation, il faut arrêter cette dynamique non pas, par leur fermeture, mais en mettant en place des conditions favorables à la concurrence afin d’améliorer encore plus la qualité et ceux qui ne pourront pas suivre cette dynamique, ils seront contraint d’arrêter l’activité », a-t-il recommandé avant de souligner que « cette activité est faible en amont et elle s’est développée en se basant sur la transformation des produits importés ».
Khelifa Litamine