Le président Abbas recevant récemment à Ramallah le chef de la diplomatie américaine (archives)
Les deux hommes, qui se sont vus plusieurs fois ces deux derniers mois, ont discuté durant une heure et demie, accompagnés de leurs délégations puis en tête-à-tête, selon un responsable du département d’Etat.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a une nouvelle fois rencontré hier à Istanbul le président palestinien Mahmoud Abbas pour parler du processus de paix israélo-palestinien bloqué depuis deux ans et demi et de la normalisation entre Israël et la Turquie.
Les deux hommes, qui se sont vus plusieurs fois ces deux derniers mois, ont discuté durant une heure et demi dans un grand hôtel de la mégapole turque, accompagnés de leurs délégations puis en tête-à-tête, selon un responsable du département d’Etat. M.Kerry, qui était à Istanbul pour une réunion samedi soir des «Amis de la Syrie». Les Etats-Unis y ont annoncé le doublement de leur assistance non létale à l’opposition et à la rébellion syriennes, un soutien bien en deçà des attentes des opposants au régime de Damas qui réclament des armes. Sur le Proche-Orient, MM.Kerry et Abbas devaient «poursuivre la conversation qu’ils ont depuis plusieurs semaines sur la manière de ramener les deux parties à la table des négociations», avait annoncé par avance un diplomate américain. M.Kerry avait prévenu mercredi dernier à Washington que le temps était compté pour reprendre le processus de paix israélo-palestinien gelé depuis septembre 2010, estimant qu’il ne restait plus que deux ans pour y parvenir. M.Kerry travaille à un projet de relance de l’économie palestinienne pour tenter de rétablir la confiance entre les deux parties. Il avait aussi annoncé que l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, envoyé spécial du Quartette au Proche-Orient, avait accepté de prendre part aux efforts pour essayer de «faire aller de l’avant l’économie des territoires palestiniens». Ce volet précis devait également être abordé par MM.Kerry et Abbas.
Cette rencontre intervient après la démission du Premier ministre palestinien Salam Fayyad. Son départ tombe au plus mal pour la diplomatie américaine, qui, faute de progrès politiques lors de la dernière visite de M.Kerry en Israël et dans les Territoires palestiniens, s’est rabattue sur une entente entre responsables israéliens et palestiniens pour «promouvoir le développement économique en Cisjordanie» occupée. M.Kerry devait aussi s’entretenir avec le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et déjeuner avec son homologue turc, Ahmet Davutoglu, avant de partir pour Bruxelles. Au menu de ces discussions, la normalisation entre Israël et la Turquie, après près de trois ans de brouille provoquée par la mort de neuf militants pro-palestiniens turcs lors d’un raid israélien contre une flottille au large de Ghaza. «Le processus de normalisation sera évidemment abordé. La Turquie est désireuse de surmonter ses difficultés avec Israël», a assuré une source diplomatique turque. Un diplomate américain a exprimé «l’espoir d’une normalisation complète» entre les deux pays autrefois alliés. C’est d’ailleurs grâce à une médiation directe du président américain Barack Obama fin mars que la Turquie et Israël ont accepté un processus de réconciliation. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu avait fini par présenter ses excuses officielles à la Turquie pour la mort des neufs Turcs, un geste qu’Ankara exigeait en vain depuis longtemps. Une délégation israélienne est attendue aujourd’hui dans la capitale turque pour discuter de l’indemnisation des victimes de l’assaut, en mai 2010, contre le ferry turc Mavi Marmara, navire amiral d’une flottille internationale qui voulait forcer le blocus maritime imposé par Israël à Ghaza.