Proche-Orient : Washington dénonce un projet de colonie à Jérusalem-Est

Proche-Orient : Washington dénonce un projet de colonie à Jérusalem-Est

Jérusalem s’est retrouvé dimanche au centre d’une étrange polémique.

Les États-Unis ont protesté auprès d’Israël contre la prochaine construction d’un immeuble dans la partie arabe de Jérusalem, financée par l’un de leurs ressortissants, Irwin Moskowitz.

Cet homme d’affaires, qui a fait fortune dans les jeux à Miami, soutient depuis des années une kyrielle d’organisations et de groupes ultranationalistes israéliens qui se sont fixés comme objectif de s’installer dans des quartiers arabes de Jérusalem, où vivent plus de 200 000 Palestiniens.

L’affaire est remontée très haut. La semaine dernière, Michael Oren, l’ambassadeur d’Israël, a eu droit à une convocation au département d’État, à Washington, où il a dû s’expliquer sur le feu vert donné récemment à la construction d’une vingtaine de logements et de parkings à Cheikh Jarrah, le quartier huppé de Jérusalem-Est, à la place d’un hôtel qu’Irwin Moskowitz a acquis il y a vingt-quatre ans.

En manifestant ainsi leur mauvaise humeur, les Américains ont fait comprendre que ce genre d’initiative tombait très mal, au moment où Barack Obama prône un gel de la colonisation israélienne dans tous les territoires conquis par l’État hébreu durant la guerre de juin 1967.

Jusqu’à présent, la dispute portait surtout sur la Cisjordanie. L’Administration de Barack Obama semble décidée à l’étendre à Jérusalem-Est.

Protestations palestiniennes

La communauté internationale n’a, en effet, jamais reconnu l’annexion par Israël de cette partie de la ville, dont les Palestiniens veulent faire la capitale de leur futur État.

Cet isolement n’a pas empêché une douzaine de nouveaux quartiers, où vivent plus de 200 000 Israéliens, de sortir de terre.

Benyamin Nétanyahou espérait que les Américains fermeraient les yeux. Il a été pris par surprise, ce qui l’a poussé à hausser le ton.

«La souveraineté d’Israël sur Jérusalem n’est pas contestable, et les Juifs ont le droit de vivre partout dans la ville», a- t-il proclamé, et d’ajouter : «Je n’ose imaginer ce qui se passerait si on interdisait aux Juifs de s’installer dans certains quartiers de New York, Londres, Paris ou Rome».

La majeure partie de l’opposition centriste s’est ralliée à sa position.

Seules quelques voix isolées, à gauche, ont été à contre-courant, tel le député travailliste Ofir Pines, pour qui «Moskowitz tente depuis des années d’enflammer les esprits à Jérusalem».

Les Palestiniens ont saisi l’occasion pour dénoncer le gouvernement de Benyamin Nétanyahou.

«Il serait temps, souligne Saëb Erakat, un proche du président Mahmoud Abbas, que le premier ministre israélien comprenne qu’il y a une nouvelle administration américaine à Washington, et qu’aucune paix n’est envisageable si la partie orientale de Jérusalem ne devient pas la capitale de notre État».