Proche-Orient : Tension entre «la flottille de la liberté» et Israël

Proche-Orient : Tension entre «la flottille de la liberté» et Israël

«La flottille de la liberté» mettra les voiles sur Ghaza, aujourd’hui ou demain, pour tenter de briser l’embargo israélien imposé sur l’enclave. Tel Aviv ne compte pas se laisser faire. Elle menace de l’intercepter. Un nuage se dessine à l’horizon.

La flottille, qui rassemble quelque 300 militants originaires de 22 pays, 35 journalistes, comprend dix navires dont deux français, un italien, un irlandais, un espagnol, deux gréco-suédois-norvégiens et un cargo de la diaspora palestinienne. Les bateaux devront partir de divers ports grecs, d’autres vont traverser les eaux grecques et se rencontrer au large, selon le capitaine Vaguélis Pissias, un des responsables de l’organisation grecque «Un bateau pour Ghaza». Deux cargos transporteront environ 3.000 tonnes d’aide humanitaire dont des médicaments, une ambulance équipée et du ciment.

A Tel Aviv, le cabinet de Netanyahu brandit la menace d’intercepter la flottille sous prétexte que des «extrémistes» se trouvent parmi les passagers. «Les organisateurs (…) affirment qu’il n’y a pas d’extrémistes parmi eux, mais ils mentent», a déclaré à la radio publique israélienne, Youli Edelstein, ministre de l’Information et de la Diaspora. Le chef de la diplomatie israélienne, Avigdor Lieberman, a avancé qu’«il y a parmi ceux qui s’obstinent à monter à bord des navires un noyau d’extrémistes liés au terrorisme (…)». La propagande israélienne ne se limite pas à ces deux allégations. Lundi, le lieutenant-colonel Avital Leibovitz, porte-parole de l’armée, a déclaré que «des bateaux transportent des produits chimiques incendiaires dangereux». Le ministre de la Défense, Ehud Barak a donné pour consigne à l’armée de «tenter d’éviter des confrontations», mais il a répété que «l’accès à Ghaza serait interdit aux bateaux». Selon les autorités israéliennes, «il est possible d’apporter de l’aide à Gaza via les ports d’Ashdod (Israël) et d’El-Arish (Egypte) ou via l’Onu». Selon le quotidien israélien Maariv, certains membres du cabinet de sécurité, qui regroupe la moitié du gouvernement, ont critiqué une «campagne de propagande médiatique» et une «opération de relations publiques hystérique». Le Maariv, citant ces membres du cabinet, rapporte que ce dernier n’a pas reçu de telles informations. Il accuse le Premier ministre Benjamin Nentanyahu d’avoir «changé de version sur la nature de la flottille pour deux raisons liées à la communauté internationale. La première est se couvrir lui-même au cas où l’opération militaire (contre la flottille) tournerait mal. Israël pourrait toujours dire qu’il a donné un avertissement à l’avance. La seconde : faire pression sur la communauté internationale afin que les gouvernements impliqués empêchent les bateaux de prendre part à cette flottille». Un des organisateurs grecs de la flottille a indiqué, par ailleurs, que l’un des navires a subi des dégâts importants lundi soir à Athènes, affirmant qu’il s’agissait d’un acte de «sabotage». Côté palestinien, les dirigeants du Hamas et de l’Autorité palestinienne ont appelé l’Onu à protéger la flottille et presser Israël de lever son blocus sur Ghaza.

L’Autorité palestinienne a entrepris quant à elle une campagne pour obtenir une reconnaissance de l’Etat palestinien en septembre prochain. A New York, l’agitation bat son comble. L’Onu manœuvre pour ramener Palestiniens et Israéliens à la table des négociations. Elle a appelé dans un communiqué publié lundi soir, à une reprise sans délai des négociations. Le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-Moon, a même exprimé son inquiétude face à l’absence de progrès dans le processus de paix israélo-palestinien. Selon le chef de la diplomatie française Alain Juppé une réunion du Quartette est prévue le 11 juillet à Washington.