Barack Obama effectuera à partir de mercredi sa première visite en Israël et dans les Territoires palestiniens depuis son élection à la présidence en 2008. Il aura dès son arrivée des entretiens avec le président Shimon Peres et le Premier ministre Benjamin Netanyahu qui poursuit son rêve d’un Grand Israël. Il rencontrera, jeudi, Mahmoud Abbas, président de l’Etat de Palestine, à Ramallah, et vendredi Abdallah II, le roi de Jordanie, à Amman.
Le 4 juin 2009 au Caire, le président américain a pris un engagement : répondre aux « aspirations légitimes » des Palestiniens. « La situation des Palestiniens est intolérable. L’Amérique ne tournera pas le dos aux aspirations légitimes des Palestiniens à la dignité, à des perspectives d’avenir et à un État.
La seule solution est de répondre dans le même temps aux aspirations des deux parties à travers deux États vivant côte à côte en paix et en sécurité. C’est dans l’intérêt d’Israël, de la Palestine, de l’Amérique et du monde. C’est pourquoi j’ai l’intention de poursuivre personnellement cet objectif avec la patience qu’une telle tâche requiert », dira-t-il. Revient-il cette semaine pour dire aux Israéliens que la poursuite de la colonisation les expose à des sanctions internationales ? Revient-il pour honorer enfin sa promesse ? De cette visite dépendra l’avenir du Proche- Orient — soit il réussira à réanimer la solution de deux États, soit il l’enterrera — et l’image, déjà pas très jolie, de l’Amérique dans la région.
Rien de tout cela. « Le but de mon voyage est d’écouter. J’ai l’intention de rencontrer Bibi (Netanyahu)… J’ai l’intention de rencontrer Fayyad et Abou Mazen (Mahmoud Abbas) et de les écouter exposer leur stratégie, et quelle est leur vision, et où pensent-ils que cela devrait mener… Je pense que nous avons dépassé le point où nous devrions être en train de parler de conditions préalables, des étapes et des séquences. Tout le monde sait ce qui va être impliqué ici concernant la création de deux États côte à côte, vivant en paix et en sécurité », dira-t-il avant de révéler le vrai but de sa visite : « S’assurer que l’Iran ne va pas posséder une arme nucléaire qui pourrait menacer Israël ».
Et la relance du processus de paix grippé ? « Le président vient pour écouter et consulter. Il faut attendre l’installation d’un nouveau gouvernement israélien, consulter ce gouvernement avant de lancer quelque initiative que ce soit », répond Ben Rhodes, le conseiller adjoint à la sécurité nationale, estimant utile en ce moment de « renforcer le soutien américain à l’Autorité palestinienne » qui ne serait pas en bonne posture. Contesté déjà pour sa stratégie vis-à-vis d’Israël, il l’est depuis peu pour son incapacité à se réconcilier avec Khaled Mechaâl, chef du bureau politique du Hamas.
« Cette visite n’abordera notre cause que dans l’optique d’entraver la réconciliation nationale palestinienne », estime Ismaïl Haniyeh, le chef du gouvernement islamiste à Ghaza. « Elle n’apportera que davantage de divisions, davantage de pertes de territoires, davantage d’expulsions de notre peuple », met en garde Mahmoud Al-Zahar un fidèle de Hamas, soulignant que son mouvement est « prêt à mettre en œuvre tous les accords conclus » avec Fatah, le parti de Mahmoud Abbas.
Djamel Boukrine