L’escalade de la violence à Gaza et au Sinaï finira-t-elle par mettre le feu à la poudrière du Moyen-Orient ?
Les raids aériens de l’armée israélienne, qui ont fait 14 morts et 40 blessés, ont de nouveau visé les Comités de résistance populaire (CRP), un groupe palestinien, accusé par l’Etat hébreu, malgré son démenti, d’être responsable des trois attentats de jeudi qui ont provoqué la mort de 8 Israéliens, près de la station balnéaire d’Eilat. Deux membres des Brigades Al-Qods, la branche armée du Djihad Islamique, ont été tués.
« Ces frappes ne sont que la première réponse », prévient Benjamin Netanyahu, n’excluant pas une opération terrestre contre Gaza d’où des « engins », sans impact majeur, sont lancés contre le sud d’Israël par des groupes armés palestiniens qui ne se considèrent plus « tenus par aucune obligation d’observer la trêve » en vigueur depuis le 10 avril dernier. Sentant un remake de l’opération «Plomb endurci» et un coup porté par des «islamistes» contre son plan d’adhésion à part entière de l’Etat palestinien à l’ONU, Mahmoud Abbas, qui assiste impuissant au feu vert pour la construction de 5.200 nouveaux logements à Al-Qods Est, rien que pour ce mois, demande deux réunions d’urgence.
La première de la Ligue arabe pour «examiner aujourd’hui les répercussions de la situation». La seconde au Conseil de sécurité, pour stopper les raids israéliens. Entre l’Egypte et l’Etat hébreu, le courant ne passe plus, ou presque. Le Caire, qui a attendu, en vain, des excuses de Tel-Aviv après la mort de cinq policiers égyptiens à la frontière jeudi dernier, rappelle, sans délai, son ambassadeur «jusqu’à la présentation d’excuses officielles israéliennes».
«Le sang de l’Egyptien est trop cher pour être versé sans réponse», estime le Premier ministre Essam Charaf en écho aux milliers de personnes qui ont manifesté vendredi soir au Caire devant l’ambassade d’Israël et réclamé l’expulsion de l’ambassadeur. Netanyahu qui est habitué à la retenue dont faisait preuve son ami Moubarak, convoque son conseil de sécurité pour analyser cette crise diplomatique, la première depuis le déclenchement de la deuxième Intifada en novembre 2000 pour protester contre «l’usage excessif de la force» par Israël et la seconde depuis la conclusion de l’accord de paix en 1979 et la volonté affichée par Le Caire d’accroître ses troupes dans le Sinaï. «La paix avec l’Egypte, qui constitue depuis trois décennies un pilier de la sécurité d’Israël, est gravement ébranlée», relève Haaretz, un quotidien de gauche.
Sur fond de cette crise, même les traditionnelles manœuvres militaires entre l’Egypte et les Etats-Unis sont annulées. A l’origine de cette décision, une déclaration de la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton. Selon elle, l’Egypte ne contrôle pas ses frontières.