L’armée israélienne a mené, mardi soir, plusieurs raids aériens contre des positions de l’armée syrienne après qu’une explosion a visé ses soldats dans le Golan.
Il n’aura fallu pas davantage et plus de temps pour que Tel Aviv entre en scène. Après la débâcle de la rébellion, terrassée dans son antre de Qalamoun et battant en retraite le long de la frontière libanaise, le pilonnage en règle des positions syriennes au Golan (1 mort et 7 blessés) éclaire sur la nature coloniale et impériale du GMO qui, rééditant le précédent historique du « djihad afghan » de l’Amérique, scelle l’alliance objective de l’islamisme radical avec les acteurs et les grands bénéficiaires du « printemps arabe ».
Quelques heures seulement après l’explosion qui a provoqué la blessure de 4 parachutistes, l’expédition punitive menée contre une infrastructure d’entraînement, des QG militaires et des batteries d’artillerie est la manifestation du fait colonial reconnu illégal, impuni et source de tensions jamais démenties. Damas présente cette escalade comme une menace contre « la sécurité dans la région ».
L’alibi du soutien syrien aux « agents terroristes », qualifiant le Hezbollah en concurrence avec la rébellion et les mouvements islamistes radicaux présents tout aussi bien dans la partie syrienne du Golan, est ainsi brandi pour lancer l’assaut dans cette autre guerre contre la Syrie prise dans l’étau israélo-américain. Concomitamment, Washington a ordonné la fermeture de l’ambassade syrienne et de ses consulats honoraires à Troy (Michigan, centre) et Houston (Texas, sud). Pure coïncidence ? Pour Moscou, il ne fait aucun doute que Washington a fait le choix de la partialité et de la transgression de l’esprit de Genève.
« Nos partenaires américains se privent eux-mêmes en substance du rôle de co-sponsor du processus de règlement politique en Syrie, et font volontairement ou non le jeu de l’opposition radicale syrienne dans les rangs de laquelle se battent des terroristes liés à al-Qaïda », a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères. Le retour à la stratégie de tension s’explique par la volonté de contrecarrer la progression sur le terrain de l’armée confortée par la victoire psychologique de Yabroud, permettant le contrôle de l’axe stratégique de Damas-Homs, la sécurisation totale et la fermeture de tous les points de passage avec le Liban.
L’effondrement du bastion de Yabroud, formant la machinerie du Front En Nosra hégémonique et des 1.500 rebelles de toutes nationalités, forcés désormais au repli sur les hauteurs de la localité libanaise d’Ersaal, constitue un sérieux revers qui prend plus d’ampleur avec l’entrée dans la localité d’Al Hosn, située dans la province centrale de Homs et le déclenchement de l’offensive pour s’emparer de Rankous (au sud de Yabroud), Flita et Ras al-Maara (au nord-ouest).
« Cette nouvelle agression (israélienne) vise à détourner les regards des victoires successives remportées par l’armée syrienne, notamment l’exploit à Yabroud, qui a porté un coup dur aux groupes terroristes et à ceux qui les soutiennent, à leur tête l’entité sioniste », a indiqué l’armée syrienne dans un communiqué. Mais, par-delà l’effet de contagion régionale, l’autre guerre de Syrie révèle le caractère asymétrique avec la crise ukrainienne. Selon le secrétaire d’Etat John Kerry, le bras de fer entre Russes et Occidentaux risque d’entraver la coopération sur le dossier syrien.
Larbi Chaabouni