En Europe, le discours de Nétanyahou, dimanche soir, a été jugé notoirement insuffisant. Comment réagissez-vous ?
Le premier ministre a prononcé un discours important, responsable et courageux. Il a clairement pointé la manière dont ce gouvernement entend progresser vers la paix, dans le cadre d’une coopération régionale, dans le fil de la vision exprimée par Barack Obama et prenant en compte les précédents accords, notamment la Feuille de route.
La paix doit être obtenue à travers des négociations de bonne foi avec les Palestiniens afin que nos deux peuples puissent vivre côte à côte dans la sécurité.
Tout de même, le premier ministre n’a pas cité la Feuille de route dans son discours…
Il ne l’a pas citée explicitement, mais il a rappelé des faits qui figurent dans son programme de gouvernement. Le langage était peut-être codé, mais la signification était claire : personne ne doute qu’une majorité d’Israéliens approuvent la Feuille de route.
Ce discours allait aussi dans le sens que nous souhaitons, nous les Travaillistes : voir ce gouvernement adopter des positions équilibrées. C’est pour cela que nous y sommes entrés.
La Feuille de route mentionne explicitement le gel de la colonisation. Ce que n’a pas fait dimanche Benjamin Nétanyahou…
Le premier ministre a dit qu’il n’y aurait pas de nouvelles implantations, pas d’expropriations.
Il a dit qu’il maintiendrait, ce qu’il est convenu d’appeler la «fabrication de la vie», c’est à dire les gens qui se sont déjà établis sur place.
Mais il a été clair sur le fait qu’il n’y aurait pas de nouvelles colonies.
Le discours de Benjamin Nétanyahou est toutefois loin de répondre aux attentes formulées par Barack Obama…
La Maison-Blanche a réagi positivement au discours de dimanche soir. C’est de sa part un geste très important et pertinent.
Je ne pense pas que nos positions soient si éloignées. La route est ouverte, il faut maintenant faire pression pour que des négociations s’engagent avec nos voisins, sans préconditions.
Comment conciliez-vous votre exigence qu’Israël soit reconnu comme un État juif avec la présence d’un million d’Arabes israéliens ?
Il n’y a pas là de contradiction, pour autant que soient respectés leurs droits fondamentaux.
C’est aussi une question de symétrie : nous respectons le droit des Palestiniens à affirmer leur identité nationale, nous attendons d’eux qu’ils respectent l’identité d’Israël qui est depuis sa création un foyer pour le peuple juif.
L’État d’Israël demeure un État juif. Et nous devrons encore assurer une solide majorité juive pour les générations à venir.
La réélection de Mahmoud Ahmadinejad accroît-elle la perspective d’une confrontation armée avec l’Iran ?
C’est une mauvaise nouvelle qui ne reflète pas vraiment le sentiment des Iraniens. Mahmoud Ahmadinejad va continuer à défier le monde.
Souvenons-nous de l’exemple de la Corée du Nord qui dispose désormais de la bombe nucléaire.
Le fait que Kim Jong-il ait réussi à l’obtenir jette une ombre sur les efforts pour bloquer l’Iran.
C’est un très mauvais signal. Il y a longtemps qu’il aurait fallu agir pour l’en empêcher.
Quelques mois seront suffisants pour voir si les Iraniens sont réellement prêts à changer.
Pour notre part, nous disons que nous ne renonçons à aucune option. Cette question représente un défi global.
Un Iran nucléaire marquerait la fin des efforts de non-prolifération…
Israël serait-il alors prêt lui-même à sortir de l’ambiguïté nucléaire ?
Je refuse de répondre à cette question.