Le Caire juge que le traité de Camp David signé en 1979 avec Israël, le premier ratifié entre l’état hébreu et un pays arabe, n’est pas «sacré».
«Il peut subir des changements, être discuté ou modifié dans l’intérêt de la région ou tout simplement de la paix», affirme le Premier ministre égyptien Essam Charaf dans un entretien qu’il a accordé à une télévision turque.
Les analystes s’interrogent sur le sens à donner à cette déclaration faite au moment où les relations entre les deux pays connaissent une période de tensions, notamment après la mort de six policiers égyptiens, le 18 août dans le secteur d’Eilat, au Sinaï, l’attaque le 9 septembre dernier de l’ambassade d’Israël au Caire et le lendemain de la visite au Caire du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, où il s’est fait le héraut de la cause palestinienne et a une nouvelle fois attaqué l’Etat hébreu avec virulence. «De véritables changements sont en train d’avoir lieu au Moyen-Orient», ajoute M. Charaf suggérant aux Israéliens de «s’occuper de la racine du problème», c’est-à-dire leur occupation de la terre palestinienne. Israël rue dans les brancards. Son ministère des Affaires étrangères a convoqué, hier, Yasser Reda, l’ambassadeur d’Egypte en Israël pour lui faire part du mécontentement de l’Etat après les récentes déclarations de responsables égyptiens sur les relations bilatérales. «Israël n’envisage nullement une révision du traité de paix de Camp David de 1979 qui, de toute façon, ne pourra se faire unilatéralement» aurait dit Rafi Barak, le directeur général des Affaires étrangères au diplomate égyptien. Bras de fer en perspective entre le Caire et Tel-Aviv qui continue à réagir comme s’il n’y avait pas eu de changement en Egypte ? Recours à des arbitrages internationaux ? La rue égyptienne, qui a provoqué la chute du président Hosni Moubarak le 11 février dernier, ne s’embarrasse pas de fioritures pour faire savoir son hostilité à Israël. Elle demande à l’armée, qui a affirmé à plusieurs reprises son attachement aux pactes internationaux conclus par le passé, une révision de ce traité de paix sans évoquer sa rupture. Les Etats-Unis qui ont parrainé ces accords sont inquiets. Ils demandent aux Egyptiens de donner des assurances qu’ils seraient respectés. Le Maréchal Tantaoui, qui a un regard sur les élections prévues en octobre et novembre 2011 a le choix : écouter la voix de son peuple s’il veut se mettre à l’abri d’un éventuel soulèvement populaire, comme celui qui a causé la chute de M. Moubarak ou continuer à plaire aux Israéliens et Américains en contrepartie d’aides financières. Sa volonté de poursuivre les responsables des émeutes visant l’ambassade d’Israël en justice et sa décision d’élargir la loi sur l’état d’urgence laissent penser que Tantaoui ne veut pas mettre en danger la stabilité des relations avec Israël. Quitte à tourner le dos aux réformes démocratiques.