Tout le long de l’année, on enregistre des périodes de tension sur la pomme de terre du fait d’un déséquilibre entre l’offre et la demande et, pourtant, du côté du ministère ad hoc, on répète souvent que la production est en nette croissance. D’après cette source, la production de pomme de terre n’a cessé de croître. Elle était de l’ordre 2,2 millions de tonnes (Mt) en 2008, l’année suivante elle est passée à 2,67 Mt, en 2010 elle a atteint les 3,2 milions de tonnes et, pour 2011, les récoltes ont été évaluées à 3, 5 millions de tonnes.
Tout porte à croire que la pénurie de pomme de terre enregistrée entre mars et avril 2012 sur le marché local, provoquant une flambée des prix avec des niveaux jamais atteints, 120 DA/kg, va encore une fois se manifester à partir de la fin du mois d’octobre prochain. Cette fois-ci, pour des raisons difficiles à justifier.
Car, contrairement à la crise précédente où, à cause d’un hiver des plus rudes, les récoltes ont connu un sérieux retard, la tension qui s’annonce est injustifiable. Certes, il est difficile d’admettre qu’un léger report, estimé à trois semaines tout au plus, de la campagne de plantation, pour la production d’arrière saison (novembre- janvier), puisse donner lieu à un déséquilibre entre l’offre et la demande, notamment quand il est admis que la récolte de saison (juillet 2012) a été bonne, puisque ayant enregistré un volume de quelque 1,9 million de tonnes.
C’est pourtant ce que soutient le Comité national interprofessionnel de la pomme de terre, qui regroupe l’ensemble des acteurs de la filière (producteurs, transformateurs, stockeurs…) qui, lors de sa séance de travail avec le ministre ad hoc, Rachid Benaïssa, tenue le 2 septembre dernier, a expliqué les raisons du retard dans la campagne de plantation.

Selon le comité : «Elle a été retardée au mois d’août par la canicule, le manque de main-d’oeuvre et l’effet Ramadhan.» Et d’avertir que «la période de soudure risque d’être longue et, le cas échéant, les quelque 1, 9 million de tonnes récoltées à fin juillet dernier peuvent demeurer insuffisantes pour assurer la période de soudure».
Ce qui équivaut à dire que nous allons tout droit vers un sérieux déséquilibre entre l’offre et la demande ce qui, à coup sûr, va engendrer une flambée des prix du kilogramme de pomme de terre sur les étals. Un cas de figure que redoute le ministère de l’Agriculture et du Développement rural. Dans le but de pallier à cet arrivage tardif de la production d’arrière-saison, le département ministériel envisage d’élaborer un programme d’importation de pomme de terre pour le mois de novembre prochain, mais sous conditions.
«Si les importations sont décidées, leur volume ne doit pas dépasser les 2% de la production globale pour 2012, et pour une durée limitée», avait lancé le ministre lors de sa dernière rencontre avec le Comité national, interprofessionnel de la pomme de terre. En prenant en compte les prévisions de production de pomme de terre pour 2012, qui tournent autour de 4 millions de tonnes, il est donc attendu dans les ports du pays près de 200 000 tonnes de pomme de terre.
Une mesure d’importation rendue nécessaire, mais qui reste exceptionnelle, car selon le ministre, et à l’adresse du Comité, «Il n’y a pas de déficit de production de l’année, mais seulement une mauvaise répartition des récoltes dans le temps».
Une réalité de terrain qui n’est pas sans soulever des questions. La plus évidente c’est de savoir si les productions de périodes de soudure arrivent-elles à maintenir un certain équilibre entre l’offre et la demande durant la période creuse, c’est-à-dire celle qui précède l’arrivée de la production de saison ?
Après l’alerte lancée dernièrement par le Comité national interprofessionnel de la pomme de terre on peut, d’ores et déjà, avancer que les productions de période ne suffisent plus. Une déduction des plus plausibles, quand on sait que le niveau de consommation national de pomme de terre ne cesse d’augmenter. En effet, selon les statistiques, la consommation est passée ces deux dernières années de 6,5 kg à 10,5 la par habitant et par an en Algérie.
Dès lors, une question s’impose : Est-ce que la production arrive à suivre le rythme de croissance de la consommation ? De toute évidence ce n’est pas le cas. Preuve en est que tout lelong de l’année on enregistre des périodes de tension sur le tubercule du fait d’un déséquilibre entre l’offre et la demande et pourtant, du côté du ministère, on répète souvent que la production est en nette croissance.
D’après cette source la production de pomme de terre n’a cessé de croître. Elle était de 2,2 millions de tonnes en 2008, l’année suivante elle est passée à 2,67 Mt, en 2010 elle a atteint les 3,2 millions de tonnes et pour 2011 les récoltes ont été évaluées à 3,5 millions de tonnes. Cette année le Comité espère atteindre les 4 millions de tonnes mais avec cette parenthèse concernant l’importation pour assurer un équilibre entre l’offre et la demande sur le marché national.
Est-ce à dire que les stocks commencent à se tarir au point qu’il faudra importer, bien qu’un niveau important des quantités stockées ne trouve pas preneur du fait de la mauvaise conservation des tubercules. Un constat qui n’est pas nouveau, puisque dans les ménages la tendance des achats va essentiellement vers la pomme de terre fraîche, c’est-à-dire la toute dernière récolte. En fait ils boudent de façon catégorique «la stockée», car considérée comme de mauvaise qualité.
C’est donc sur ce point que le ministère de tutelle devrait le plus se pencher, car à quoi peut servir une surproduction quant les bonnes conditions de stockages sont loin d’être réunies. Une défaillance qui influe négativement sur le fondement du Syrpalac : Celui de réguler le marché de la pomme de terre afin de lutter contre les envolées conjoncturelles des prix à la consommation.
Ce qui va être le cas certainement en cette fin d’année. Tout comme il faut dire que la décision d’importer n’est pas tombée dans les oreilles d’un sourd. Les spéculateurs ne vont pas attendre l’échéance du mois de novembre, comme prévu par le ministre, pour entrer en scène. Ils vont vite passer à l’action sans aucune crainte. Les consommateurs sont ainsi avertis. Les ménages devront d’ores et déjà penser à changer leur niveau de consommation de pomme de terre, en attendant l’arrivée des récoltes de saison.
Z . A